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LA SURVIVANCE
ET LA
SÉLECTION DES IDÉES
DANS LA MÉMOIRE

I. Th. Ribot, les Maladies de la mémoire, 2e édition. — II. James Sully, les Illusions des sens et de l’esprit. — III. Louis Ferri, la Psychologie de l’association. — IV. Bain, les Sens et l’Intelligence. — V. Ch. Richet, l’Homme et l’Intelligence.

Refaire dans notre pensée un nouvel univers semblable au grand, tel est le but de la connaissance. Leibniz y voyait avec raison l’analogue de la projection géométrique, qui peut représenter les objets solides par des surfaces, les surfaces par des lignes, les lignes par des points. Nous sommes un atome dans l’univers, et il faut que cet atome devienne le miroir du monde. Or, que de choses simultanées au dehors de nous qui ne peuvent l’être dans notre pensée ! Que d’objets qui coexistent dans l’immensité de l’espace, depuis le brin d’herbe sous nos pieds jusqu’aux astres sur nos têtes ! Notre pensée, au contraire, est un point qui se meut sur la ligne du temps et qui n’y occupe jamais qu’un moment à la fois. De là le premier problème que la nature avait à résoudre : traduire pour l’esprit les choses simultanées en choses successives, faire prendre à l’espace la forme du temps. Ce n’est pas tout : les diverses parties du temps, à leur tour, ne peuvent être à la fois actuelles ; en conséquence, s’il ne restait rien du passé dans le présent, notre existence serait toujours mourante. Le second problème était donc de refaire