Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/464

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Maître, pas tant de flatterie
Et point de compliment banal ;
Ma robe est peut-être jolie,
Mais mes souliers me vont très mal.

                    SACHS.

Méchans souliers !.. Eh ! chère belle,
Il eût fallu les essayer.

                    ÉVA, avec intention.

Maître, j’ai cru qu’à votre zèle
Sans crainte on pouvait se fier.

                    SACHS, feignant de ne pas comprendre.

Qu’y manque-t-il ? Voyons, il faut
Que je découvre le défaut.

                    ÉVA.

Quand je m’arrête, ce n’est rien ;
Faut-il marcher, ça va moins bien.

                    SACHS.

Allons, mignonne, sur ce banc,
Mets ton joli peton d’enfant.
                    (Elle met son pied sur l’escabeau.)
Te serrent-ils ?

                    ÉVA, hésitant.

                    Ils sont trop larges.

                    SACHS.

Bon ! Tu me fais, je crois, des charges !
Ils vont très bien.

                    ÉVA, même jeu.

                    Ils sont étroits !
Je sens qu’ils m’écrasent les doigts.

                    SACHS, tâtant à gauche.

Ici ?

                    ÉVA, montrant la droite.

Non là !

                    SACHS.

Sous l’empeigne, peut-être ?

                    ÉVA.

Près du talon.

                    SACHS, avec surprise.

                      Que me dis-tu ?