capitaine de Vaucouleurs stipulait-il, comme la plupart des actes du même genre, et notamment comme ceux qui concernent Vitry et Guise, la reddition de la forteresse assiégée après un laps de temps déterminé, sauf le cas d’une victoire décisive remportée dans l’intervalle par Charles VII ? Il faut bien avouer que nous ne sommes pas en mesure de répondre à ces questions. Toutes les recherches que nous avons faites pour retrouver le texte de l’accord conclu entre Antoine de Vergy et Robert de Baudricourt sont restées infructueuses. Le duc de Bar se porta sans doute médiateur entre les belligérans, car nous savons que, le 18 juillet 1428, René envoya un de ses hérauts à Champlitte porter un message à Antoine de Vergy. Le 20 du même mois, Robert de Baudricourt fit parvenir à Bar des dépêches adressées au duc, qui lui récrivit les 23 et 28 juillet suivans. D’un autre côté, un ancien inventaire des titres de Joinville mentionne ainsi un traité pour la reddition de Vaucouleurs : « Traicté du seigneur de Vauldemont pour la reddition du chastel de Vaucouleur. » Malgré ces obscurités, il n’en demeure pas moins certain que Vaucouleurs capitula dans les derniers jours de juillet ou les premiers jours d’août 1428, puisqu’on lit dans des articles de compte portant cette date et relatifs au paiement de divers messagers, qu’Antoine de Vergy « avoit fait traité et accord avec les ennemis sur la reddition des chastel et ville de Vaucouleur. »
Plus la situation s’aggravait, plus l’avenir devenait menaçant et plus Jeanne s’exaltait à l’idée de la mission que des voix célestes lui intimaient pour le salut de son pays. Le 23 juin 1428, veille de la Saint-Jean-Baptiste, elle disait à un jeune garçon de son village qu’il y avait entre Coussey et Vaucouleurs (elle voulait dire à Domremy), une jeune fille qui, avant un an, ferait sacrer le roi de France. Lorsque la Pucelle prononçait ces paroles, elle était à la veille de l’épreuve la plus douloureuse que la guerre eût encore attirée sur son village natal. Nous croyons, en effet, avec M. J. Quicherat, que ce fut l’expédition entreprise par Antoine de Vergy contre Vaucouleurs pendant la seconde quinzaine de juillet 1428, qui obligea les habitans de Greux et de Domremy à chercher un refuge provisoire à l’abri des remparts de la ville lorraine de Neufchâteau. Malheureusement, s’il est fait mention de ce qu’on peut appeler l’exode de Neufchâteau dans la plupart des dépositions du procès de réhabilitation, on n’a cependant pris soin nulle part d’en indiquer la date d’une manière précise. C’est par une erreur manifeste que, dans l’acte d’accusation dressé à Rouen le 27 mars 1431, on rapporte cet incident à la vingtième année de la vie de l’accusée ; chacun sait que celle-ci n’avait que dix-neuf ans lorsqu’elle comparut devant ses juges. Au lieu de vingtième, c’est quinzième année qu’il faut lire ; cette erreur ne peut provenir que de la