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l’Unifiée à 316, les Chemins du nord de l’Espagne et du Saragosse à 420 et 317.

Cependant les Consolidés se tenaient avec une fermeté inébranlable au-dessus de 100 francs, et s’élevaient encore de 1/16 ou 1/8 chaque jour. Les fonds russes ne baissaient pas à Berlin, le Hongrois s’était promptement rétabli au-dessus de 79.50, l’Italien ne semblait nullement disposé à abandonner le cours rond de 96. Les marchés européens se rassuraient donc au sujet de la marche des choses en Orient. La conférence a fini par se réunir et a déjà tenu plusieurs séances. Dire que l’accord s’est établi entre les puissances serait s’avancer beaucoup. On estime cependant que les chances du maintien de la paix se sont sensiblement accrues ; il a suffi de l’expression quelque peu nette de la volonté de l’Europe, pour que les Serbes et les Grecs hésitent à brusquer les événemens en cherchant pour leur compte, les armes à la main, une solution de la difficulté rouméliote.

A l’intérieur, non plus, les événemens n’ont pas répondu à l’attente des vendeurs à découvert. On a évité la crise ministérielle ; le parti radical et la fraction opportuniste ont paru se rapprocher ; la session s’est ouverte sous des auspices moins sombres qu’on ne l’avait auguré ; on espère que les événemens graves, s’il doit s’en produire, seront ajournés aux premiers mois de 1886.

Pendant que s’opérait, dans les dispositions de la spéculation, un revirement dans le sens optimiste, les haussiers travaillaient le marché du comptant, en y faisant coter des cours plus élevés qu’à terme. Au parquet, on procédait à des escomptes ; on mettait en jeu tous les appareils habituels d’intimidation contre les baissiers, et ceux-ci ont fini par s’émouvoir.

La reprise a commencé par nos rentes, l’Italien, le Suez et le Crédit foncier. Dans les deux dernières journées, elle s’est étendue rapidement, gagnant le Hongrois, l’Extérieure, le Panama, les valeurs ottomanes, le Rio-Tinto, les Chemins français et étrangers.

La hausse du taux de l’escompte, de 2 à 3 pour 100, à la Banque d’Angleterre, non plus que l’annonce d’une émission, par notre ministre des finances, d’obligations du Trésor à court terme jusqu’à concurrence de 45 millions, n’ont entravé l’essor en hausse. C’est, au contraire, le jour où se sont produits ces deux incidens financiers que le 3 pour 100 a repris le cours de 80 francs, et le 4 1/2 celui de 108.

L’émission des obligations du Trésor a cependant ralenti pendant deux jours les demandes en rente 3 pour 100, Les nouveaux titres émis à 100 fr. 50 par 4 francs d’intérêt, et remboursables en septembre 1889, constituent, en effet, un placement en 3 pour 100 sur l’état à 75 fr. 35, tandis que la rente perpétuelle est cotée 80 francs. 31 y avait certes la matière à un arbitrage avantageux. Mais, d’une part, il ne s’agissait que d’une somme de 45 millions ; de l’autre, ces obligations