retours, selon les temps et les parties de l’année. Les sources qui surgissaient le long des plages et alimentaient des flaques dormantes favorisaient la croissance des nénuphars et d’autres plantes aquatiques ou fluviales, telles que les potamots et les vallisnéries, dont une espèce n’a plus son analogue vivant que dans une forme australienne. Les nénuphars sont remarquables par la faible dimension de leurs feuilles, et cette petitesse reparait dans beaucoup d’autres plantes de la flore d’Aix ; elle constitue un de ses caractères distinctifs les plus saillans. Au-dessus des rives du lac et dans la direction de l’est, s’élevaient alors des escarpemens en gradins dont le rocher de Sainte-Victoire représente comme un dernier reste. Ils étaient peuplés de plus variés mêlés à des thuyas africains (Callitris et Widdringtonia), qui abondent dans le gisement et annoncent la présence de véritables forêts résineuses, dont les cours d’eaux, sillonnant les pentes boisées, entraînaient au fond du lac les résidus, feuilles, cônes et rameaux, tandis que le vent balayait au loin les semences légères pour en parsemer les lits en voie de dépôt. On constate encore la présence, surtout dans les assises marneuses, d’autres débris plus clairsemés, charriés de plus loin et par accident ; ils dénotent l’existence d’arbres situés plus haut que les premiers, s’élevant sur les croupes d’une région montagneuse, à une altitude suffisante pour admettre des végétaux différens de ceux de la plaine et des pentes inférieures. C’est effectivement ce que l’on observe maintenant à Java et à Sumatra, où les essences européennes reparaissent au-dessus de 1,200 à 1,500 mètres d’élévation, à l’exclusion de celles du tropique. Du temps des gypses d’Aix, après avoir traversé, en gravissant les hauteurs, des forêts de plus et de thuyas, on aurait rencontré des chênes, des aunes, des bouleaux, des charmes et des ormes, des saules et des érables, plusieurs d’entre eux, il est vrai, ayant des feuilles persistantes ; l’action des eaux et celle du vent ont seules réussi à nous faire connaître ces arbres, en sauvegardant un petit nombre de leurs vestiges.
Les végétaux qui croissaient dans le voisinage du lac sont naturellement ceux dont les empreintes abondent le plus : ce sont des palmiers, dont un, dédié au naturaliste Lamanon par Ad. Brongniart, ressemble au palmier de Chusan, actuellement cultivé dans les jardins du midi de la France ; comme celui-ci, il n’atteignait qu’à de faibles dimensions. Ce sont encore, outre un petit bananier, des aralias qui rappellent ceux de l’Afrique du sud ou de la Chine méridionale, des lauriers et des camphriers, des ailantes et des sumacs, des savonniers, un gainier, des sophoras, enfin de nombreux acacias ou gommiers ; les arbustes étaient des andromèdes, des myrtils, des amélanchiers ; on a recueilli jusqu’à des