promptitude et, de la fermeté de nos résolutions. L’empereur n’hésita plus. Le dernier mot restait à M. de Moustier et au maréchal Niel. « Que le gouvernement pontifical continue à se défendre énergiquement, l’assistance de la France ne lui fera pas défaut, télégraphiait, le 17 au soir, du palais de Saint-Cloud, le ministre des affaires étrangères à notre chargé d’affaires à Rome. » Les amis de M. Nigra étaient battus, la politique de l’intervention l’emportait sur la politique des compromissions.
M. de Moustier adressait en même temps un ultimatum au cabinet de Florence. Le gouvernement de l’empereur déplorait l’insuffisance des moyens employés par M. Rattazzi pour garder les frontières romaines ; il constatait, avec un vif regret, les facilités que rencontraient, sur le territoire italien et jusque dans la capitale, l’enrôlement et le départ des volontaires ; il n’admettait pas que le ministre du roi alléguât son impuissance à réprimer un mouvement qu’il avait laissé grandir et qu’il songeât à tirer parti de sa prétendue impuissance pour s’approprier les bénéfices d’une agression dont il avait désavoué les principes. Le gouvernement impérial mettait en conséquence le ministère du roi en demeure de donner la preuve de sa bonne foi et de son désir de conserver ses relations amicales avec la France par des actes d’une nature telle qu’il n’y eût plus d’équivoque possible sur ses intentions ; faute de quoi le cabinet des Tuileries se verrait contraint de faire respecter sa signature apposée au bas de la convention du 15 septembre. On laissait vingt-quatre heures au cabinet de Florence pour faire connaître ses résolutions. C’était presque un casus belli.
M. Rattazzi ne s’était jamais arrêté sérieusement à l’éventualité d’une intervention française, et elle lui apparaissait soudainement sous la forme d’un ultimatum. Sa diplomatie, trop confiante en elle-même, avait spéculé sur la faiblesse de l’empereur ; elle n’avait pas tenu compte des impérieuses exigences de sa politique intérieure. L’échec qu’elle subissait renversait les combinaisons du ministre italien ; il ne lui restait d’autre ressource que de marcher avec Garibaldi sur Rome et de rompre avec la France. Ne pouvant plus se détacher de la gauche dont il était le prisonnier, il se décida pour une retraite humiliante sans franchise. Sa démission était forcée ; Victor-Emmanuel ne pouvait sauver sa couronne qu’en le sacrifiant. Il est des ministres que la fortune comble de ses prodigalités, tout leur réussit, les fautes mêmes tournent à leur avantage. Il en est d’autres que poursuit la malechance et qui laissent un fâcheux renom. M. Rattazzi était de ce nombre, il passait comme Pie IX pour être un jettatore : il était le ministre de Charles-Albert lors du désastre de Novare et, dès qu’il rentrait au pouvoir, Garibaldi se