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dessein est de garder le silence, et de témoigner par là que je suis instruit de tout ce qui s’est passé, et que j’accepte la séparation dès à présent ; ou, si je parle, de parler pour mon compte, sans témoigner ni humeur contre la loi ni intérêt à ceux qui la produisent. »

Voici ce que je trouve encore, sur ce même sujet, sous la date du 13 :


« Bien loin que mon silence dans la discussion générale m’ait nui, je crois qu’il m’a donné de plus en plus, dans la chambre, l’attitude d’un homme qui ne parle pas pour parler, qui se sert de la parole comme d’un instrument pour atteindre un but, et qui laisse les autres satisfaire leur vanité. Dans la discussion des articles, je défendrai ceux qui sont spécialement mon ouvrage, s’ils sont attaqués : je les défendrai en disant qu’ils sont de moi, et je blâmerai ceux du gouvernement afin de bien témoigner qu’il n’existe aucune relation entre nous. »


Si je rappelle ces très petits incidens tout personnels, ce n’est pas pour m’en faire honneur ; c’est plutôt pour en faire amende honorable, et pour montrer une fois de plus à quoi tiennent, sous un régime parlementaire, ces liaisons de parti qui décident de la direction des affaires. Si je n’étais pas le plus sensé et le plus désintéressé des hommes publics de mon temps, je n’étais pas non plus le contraire; et pourtant j’ai concouru, par un sot mouvement d’amour-propre blessé, à séparer du ministère nouveau le parti doctrinaire; de là peut-être la chute de ce ministère, notre dernière ancre de salut, et de là peut-être enfin la révolution de Juillet.


O vanas hominum mentes! o pectora cæca!


Mais n’anticipons point, revenons sur nos pas; aussi bien ces discussions sur la presse n’étaient pas désormais le principal objet des préoccupations publiques; d’autres où, Dieu merci, je n’étais pour rien, y tenaient le premier rang. Je veux parler des fameuses ordonnances sur les petits séminaires, et de la poursuite un peu saugrenue malencontreusement intentée au ministère défunt.

En rendant compte des débuts du nôtre, aux jours de sa lune de miel, j’ai rappelé, comme l’un de ses actes les plus favorablement accueillis, la formation d’une commission chargée d’examiner le régime intérieur des établissemens préparatoires au ministère sacré : il s’agissait de vérifier si ces établissemens n’étaient pas devenus, sous le manteau de l’épiscopat, de vrais collèges laïques, soustraits ainsi à la surveillance et à la juridiction de l’université ;