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pécuniairement en aide, malgré les liens de parenté ; les empêchemens longtemps opposés au mariage de Madame Thérèse avec le duc d’Angoulême, les susceptibilités soulevées par le voyage du duc de Berry à Naples, la volonté nettement exprimée de ne pas reconnaître le comte de l’Isle comme roi de France, d’autres traits encore en font foi. Ils révèlent l’égoïsme de la cour de Vienne, comme sa conduite constante envers ses alliés révélait son ambition, a son ambition insatiable, » disait Paul Ier. La cour de Mitau se leurrait donc d’une illusion folle quand elle attachait au voyage de Willot une suprême, une dernière espérance. Cette espérance ne devait pas se réaliser.

Aussitôt après avoir reçu la communication de Wickham, Willot était parti pour Vienne. Mais il n’avait pas encore eu le temps d’y arriver qu’une nouvelle désastreuse lui succédait à Augsbourg, qu’il venait de quitter. C’était la nouvelle de la soumission des Vendéens. L’événement, se produisant au lendemain de la retraite de l’armée russe, enlevait à la cause royale le plus puissant appui qui lui restait dans l’intérieur. Il jetait le désarroi parmi les membres de l’agence de Souabe. Découragés, ils ne comptaient plus sur le succès de l’entreprise que poursuivait Willot. A la fin de mars, d’André, jugeant la situation mieux que ne le faisait le général, appréciait, commentait le plan que ce dernier essayait de faire réussir à Vienne : « l’affaire du Midi prend une mauvaise tournure, et je crois qu’il n’y faut plus compter comme objet principal. Ce ne sera qu’une diversion utile si les Autrichiens nous secondent de bonne foi, très nuisible s’ils nous abandonnent. D’un côté, Willot a mis trop peu de secret dans les préparatifs ; de l’autre, on trouve dans l’intérieur une apathie effroyable. La douceur apparente du gouvernement, la catastrophe de la Vendée, l’absence de nos princes, le silence des puissances sur le rétablissement de la monarchie, tout décourage l’intérieur abattu. » Cette fois, sous une plume royaliste, la vérité se formulait claire, précise, menaçante. Malheureusement, la reconnaître, la proclamer tout entière sans restriction ne suffisait pas à remédier aux maux qu’elle mettait en lumière.

Arrivé à Vienne le 28 mars, le général Willot se présentait au débotté le même jour chez lord Minto. L’envoyé d’Angleterre, après avoir pris connaissance des lettres de Wickham, dont le général était porteur, le conduisit chez le ministre qui dirigeait alors les