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L’IMPOT DÉMOCRATIQUE
A PROPOS D’UN LIVRE RÉCENT

Les Solutions démocratiques de la question des impôts, par M. Léon Say, membre de l’Institut, sénateur, 2 vol. in-18 ; Guillaumin.

La question des impôts ne dort jamais longtemps. Elle est toujours réveillée par les besoins des gouvernemens. Elle le serait en tout cas par les plaintes des contribuables, qui demandent qu’on supprime ou qu’on adoucisse les charges qui les gênent. On peut dire que voilà, de compte fait, cinq ou six siècles que cela dure ainsi en France, et rien dans les circonstances présentes ne fait pressentir qu’on en voie bientôt la fin. Mais la question ne s’est pas toujours présentée de la même façon. Elle a eu ses phases historiquement. Elle a eu son âge barbare et son âge de réflexion, qui marque plusieurs étapes. Pendant toute une période d’assez grossier empirisme, les taxes sont livrées à une confusion égale dans l’assiette et dans la perception, et, quant aux doléances des populations, elles ne s’appuient sur aucun principe supérieur. Il faut se féliciter quand les gouvernemens, sous l’empire d’un bon sentiment ou guidés par l’intérêt bien entendu, prennent quelque soin, selon une expression plus d’une fois citée, « en plumant la poule, de ne pas trop la faire crier. » Elle a crié pourtant, et beaucoup, et ce sont ces clameurs sans cesse répétées qui ont forcé à compter avec les patiens.