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moisson 12 fr. 50, battage 12 fr. 50, loyer du sol 10 fr., mise en sacs 17 fr. 50, transport 10 fr. ; total 87 fr. 50. Par contre, 40 boisseaux à l’hectare vendus 6 fr. 25, soit 250 francs[1].

L’avoine donne, comme quantité, un rendement encore supérieur. En 1853, un champ de cinquante hectares dans la vallée du Pajaro a produit jusqu’à 90,000 boisseaux[2]. On cite un champ dans le comté de Yolo, qui, ensemencé une seule fois, a porté successivement cinq récoltes, dont la dernière donnait encore 60 boisseaux à l’hectare. L’orge rend communément de 60 à 80 boisseaux à l’hectare, 30 de plus qu’aux États-Unis. Riggs et Read, dans le comté del Norte, ont obtenu 250 boisseaux, et John et Brown, de Crescent City, jusqu’à 315 à l’hectare. La pomme de terre réussit admirablement et, jusqu’ici, n’a souffert d’aucune épidémie. Elle atteint un développement prodigieux ; beaucoup pèsent une et deux livres, on en a exposé une qui atteignait six livres et demie.

La culture du tabac date de 1853 ; elle n’a encore donné que peu de résultats comme qualité, bien que, comme quantité, le rendement en soit bon : 2,500 kilogrammes à l’hectare ; les procédés de curage laissent fort à désirer. Le coton rend beaucoup : de 250 à 500 kilogrammes par hectare, le prix de revient n’étant que d’environ 150 francs par hectare, mais les terres d’irrigation facile se font rares. On y supplée par la création de canaux, et, en 1871, on irriguait artificiellement déjà 45,000 hectares et on en avait drainé 50,000.

Mais la principale, on pourrait même dire l’unique industrie de la Californie, depuis sa découverte par Cabrillo en 1542 et l’établissement des frères de Saint-François en 1769, était l’élevage du bétail. Des troupeaux immenses paissaient alors dans ces riches plaines, se multipliant en liberté, trouvant partout avec un climat propice une nourriture abondante. C’était la seule richesse du pays. La plupart des habitans, peu nombreux, obtenaient gratuitement du gouvernement des concessions variant de 1 à 10 lieues carrées, à la seule condition d’y élever une maison et d’y entretenir 100 têtes de bétail. Beaucoup en possédaient 5,000 et plus. Leur vie se passait à cheval à surveiller leurs animaux, à se visiter et à jouer. Trois ou quatre fois par année, ils se réunissaient pour un rodeo, occasion de fêtes et de réjouissances. Le rodeo consistait à ramener dans un vaste enclos les animaux errans dans les montagnes et les plaines, à marquer les jeunes, à choisir ceux que l’on devait abattre, à mettre à part les vaches laitières. Si le rodeo était général, s’il « ‘agissait de réunir les troupeaux de propriétaires habitant la même

  1. Hittell, Resources of California.
  2. Rapport de l’assesseur de Monterey.