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L'ANGLETERRE ET L'IRLANDE
EN 1886

I.
LA DOUBLE CHUTE DU CABINET GLADSTONE.

L’Angleterre a passé, depuis une année, par une des plus sérieuses crises de son histoire constitutionnelle. Elle a fait un nouveau pas, un pas décisif, dans la voie qui conduit à la démocratie pure. On se demandera bientôt ce qui lui reste du régime aristocratique, comme on se demande déjà ce qui lui reste du régime monarchique en dehors de la personne royale. M. Gladstone, l’audacieux innovateur qui a fait subir au vieux mécanisme constitutionnel anglais de si profondes modifications, a réussi l’année dernière, au moment où le Parlement de 1880 entrait dans sa dernière session, à faire voter par les communes et accepter par la chambre des lords une loi qui élargissait les bases de la franchise électorale au point que le nombre des électeurs a passé subitement de 3 à 5 millions. En même temps, l’ancien cadre de la représentation nationale a été brisé ; toutes les circonscriptions électorales, comtés, bourgs et villes ont été refondues. Le parlement élu dans ces conditions nouvelles n’a pas différé sensiblement des précédens au point de vue de la répartition et de la composition des partis. Il s’y est trouvé, comme dans celui qui venait de vivre cinq ans,