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le second, comme l’indique assez son titre un peu prétentieux, c’est une satire et une caricature, à la plume et au crayon, des hommes et des choses du jour. Spirituelle par endroits, mais souvent assez lourde, amusante tout de même, je ne sais si les victimes, ou plutôt les plastrons de M. Albert Millaud la trouveront toujours aussi parfaitement inoffensive qu’il lui plaît de la croire lui-même. Comédie de la cour, comédie politique, comédie des camps, comédie scolaire, comédie des mœurs, comédie des lettres et des arts, comédie de la comédie, on pensera du moins que M. Albert Millaud, rédacteur du Figaro, pouvait y joindre la Comédie du journalisme, et que c’eût même été de sa part une preuve d’esprit autant que de bon goût.

« Que nos bibliothèques brillent donc comme des météores de la pensée, que tous les tons de l’arc-en-ciel y fusionnent dans un passage adouci des demi-teintes jusqu’aux plus orgueilleuses colorations,.. » c’est la conclusion dithyrambique du livre de M. Octave Uzanne sur la Reliure moderne, — que vient de publier la librairie Rouveyre ; — et encore ai-je cru devoir l’abréger ! M. Octave Uzanne excelle, on le sait, à ces exercices de haut style, et comme en même temps il se connaît aux livres, presque aussi bien qu’aux Ombrelles et aux Éventails, cela fait de sa Reliure moderne une fantaisie de bibliophile aussi amusante qu’instructive. Ce beau volume est orné de soixante-douze grandes planches en couleurs qui reproduisent, d’après les originaux, les « chefs-d’œuvre, » si je ne me trompe, de la reliure contemporaine. Et, en effet, il y en a quelques-uns qui font venir l’envie de les posséder, ce qui est le triomphe de la reliure ; mais il y en a de bien laids aussi et voire quelques-uns d’atroces. Après cela, si les amateurs avaient le goût toujours sûr, ils ne seraient pas les amateurs ; et la recherche du rare, fût-il moins beau, est l’un des signes de la profession.

Si nous prétendions énumérer maintenant les nombreux ouvrages, trop nombreux peut-être, qui s’adressent, comme l’on dit, à l’enfance ou à la jeunesse, nous n’aurions jamais fini. A la librairie Marpon et Flammarion, c’est la Belle Nivernaise, de M. Alphonse Daudet, histoire d’un vieux bateau et de son équipage, illustrée de jolies gravures de M. Montégut, et suivie de cinq autres Histoires, dont le nom de M. Alphonse Daudet nous dispense de louer autrement les qualités d’invention toujours ingénieuse, d’observation toujours exacte, d’émotion toujours sincère. A la librairie Pion, c’est un récit de M. Lucien Biart, Quand j’étais petit, que nous signalions, il y a quelques mois, sous sa première forme, et qui nous revient aujourd’hui, illustré, naturellement, de nombreuses gravures, et déjà consacré par le succès. A la librairie Hennuyer, c’est Nizelle, Souvenirs d’un orphelin, par M. Eugène Muller, avec illustrations de M. Tofani, — voilà sans doute bien des orphelins,