Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 79.djvu/563

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forêt de chênes du Pholoé en Arcadie n’a guère moins de dix ou douze lieues de longueur. Il y a des forêts de cèdres et de sapins sur les montagnes du lac de Phénéos et dans beaucoup d’autres massifs. Les pins occupent une région plus basse et fournissent du bois et de la résine. Sur les bords des rivières, le platane acquiert de grandes dimensions ; j’en ai vu un fort vieux sur la rive de la Néda ; il était creux et mesurait à l’intérieur 4 mètres de diamètre ; il servait d’abri à un berger et à son troupeau. Dans le Taygète, non loin de Sparte, nous étions sept personnes se touchant par le bout du doigt pour embrasser le tronc d’un cyprès ; il restait encore plus d’un demi-mètre pour compléter le cercle à la hauteur d’un homme. Je cite ces faits pour montrer par des exemples la vigueur de la végétation en Grèce ; je pourrais les multiplier à l’infini. Mais on n’y verrait que des faits isolés. Je dois dire pourtant que, si les bois ne sont pas rares dans le Péloponèse, ils le sont dans la Grèce du nord, où les troupeaux de chèvres et les incendies volontaires les détruisent depuis tant de siècles. En outre, le paysan grec ne s’est pas encore rendu compte de l’importance des forêts en agriculture, et si quelques lois ont été faites pour les conserver et les repeupler, ces lois n’ont guère été appliquées jusqu’à ce jour. Néanmoins, la statistique du bureau des forêts pour l’année 1884 (celle de 1885 n’est pas encore sous nos yeux) a donné les résultats suivans en chiffres ronds : bois de construction maritime et de charpente exploité, valeur 1,891,000 francs, rendant à l’état 307,000 fr. ; — Charbon et bois à brûler, 1,850,000 francs ; — impôt, 240,000 fr. ; — résines, 1,145,000 francs ; — impôt, 172,000 francs. Avec les autres articles qu’il est inutile d’énumérer ici, l’exploitation forestière a produit environ 6 millions de francs, sur lesquels l’état en a perçu 836,000. Il y a donc, en Grèce, une exploitation forestière importante qui n’existait pas en 1830 et qui se multipliera par 4 ou par 5, quand les forêts seront soumises à un aménagement raisonné, à des procédés suivis et judicieux de culture locale, à une protection effective. Nous savons que depuis plusieurs années les pouvoirs publics s’occupent de ce difficile problème.

Voici une culture artificielle, puisque la plante est étrangère, et dont tout le produit est dû au travail de l’homme. Pour les forêts, le travail du cultivateur grec s’est borné jusqu’à ce jour à couper les arbres et à les emporter ; cependant la fabrication du charbon et l’extraction de la résine sont des industries qui exigent de lui une certaine main-d’œuvre. On peut dire que la main-d’œuvre est tout dans la production du tabac. En 1885, avant qu’il fût question d’un impôt sur cette matière, la Grèce en a produit 4,856,000 kilogrammes, sur lesquels la Thessalie compte pour 1,730,000. Les provinces qui viennent après celle-là sont celles d’Argos et de