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— exactement comme furent jadis La Salle et Beaujeu. au dénoûment près qui diffère un peu, Nachtigal étant mort d’épuisement et au sud de l’Afrique, La Salle assassiné à la Louisiane, comme on sait. — Les Hollandais à Atchin, les Anglais un peu partout, les Espagnols tout dernièrement aux Carolines, les Italiens mêmes à Massouah, ont passé, passeront sans doute encore, — En dépit des règlemens qu’ils ont tous plus ou moins minutieusement élaborés pour s’en garantir, — par ces luttes d’attributions. Consolons-nous donc, nous sommes en nombreuse compagnie, mais prenons pourtant nos mesures pour ne pas multiplier ces occasions d’imiter autrui.

D’une façon générale, on doit laisser au général en chef ou à l’amiral tout pouvoir et toute responsabilité aussi longtemps qu’il combat, mais aussitôt la paix faite ou l’ordre rétabli, investir le résident du commandement suprême, régler sans retard les préséances, les honneurs, toutes ces questions qui semblent misérables de loin, mais qu’il est imprudent de laisser résoudre sur place par les intéressés. Des hommes de haute valeur et excellens peuvent, faute de savoir à quoi s’en tenir à cet égard, compromettre la marche des affaires et se voir arrêtés par des obstacles ridicules peut-être, mais insurmontables.

En vertu d’un décret du 23 juin 1885, le représentant de la France à Tunis a pris aujourd’hui le titre de résident général; il continue à relever du ministère des affaires étrangères, où une direction spéciale, celle des protectorats, avait été créée antérieurement à ce décret ; il est dépositaire des pouvoirs de la république dans la régence, a sous ses ordres les commandans des troupes de terre et de mer et tous les services administratifs. Il a seul le droit de correspondre avec le gouvernement français, sauf dans les affaires d’un caractère purement technique. Ce décret, s’il est rigoureusement appliqué, écarte presque toutes les chances de conflits ; il a certainement été bien accueilli de tous, des généraux comme des magistrats, puisqu’il a mis fin à leurs incertitudes. — Les préséances sont encore à déterminer : sur ce point, différer plus longtemps de prendre un parti, c’est reculer pour mieux sauter, il est aisé de le prédire.

Nous revenons aux bureaux de renseignemens : au fur et à mesure que la pacification était plus complète, ils cessaient d’être viables; ils avaient rendu de grands services, mais ils ne pouvaient plus tarder à disparaître. Ils commencèrent par perdre le contrôle des perceptions quand furent institués, après la suppression de la commission, les inspecteurs des finances ; mais pour le reste, pour toute l’administration intérieure, la question demeurait toujours posée