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le maréchal Valée. Le maréchal, homme de conscience et de probité, n’essaya de dissimuler, pas plus à autrui qu’à soi-même, la gravité de la catastrophe dont ses lenteurs étaient la cause, et comme il y allait de son honneur d’en prévenir un second exemple, il voulut, sans plus de retard, diriger en personne le ravitaillement des garnisons bloquées.

Le 27 octobre, un corps de sept mille combattans, escortant un convoi de huit cents mulets, quittait Blida, et le lendemain s’établissait au col de Mouzaïa sans opposition. Le 29, au bois des Oliviers, l’arrière-garde, un moment compromise, fut dégagée par un retour offensif du général Changarnier. Après Médéa, ce fut Miliana qui reçut la visite du maréchal : il y arriva le 8 novembre, compléta pour un semestre l’approvisionnement de la place, substitua au 3e léger, qui n’y était que depuis un mois, le 2e bataillon d’Afrique, et revint sur Blida par un nouvel itinéraire, en châtiant les Beni-Menad au passage. Du 15 au 20 novembre, un convoi supplémentaire acheva de remplir les magasins de Médéa, dont la garnison fut intégralement renouvelée ; les zouaves y relevèrent le 23e de ligne, et Cavaignac, leur lieutenant-colonel, le stoïque bloqué de Tlemcen, remplaça Duvivier, qui reprit avec satisfaction le commandement d’une brigade active. La campagne d’automne ainsi terminée, les troupes rentrèrent dans leurs cantonnemens.


X.

Presque uniquement absorbé par les opérations sur Médéa et Miliana, le maréchal Valée avait à peu près négligé la province de Constantine et tout à fait la province d’Oran. Dans une dépêche qui ne lui fut pas agréable, le ministre de la guerre crut devoir lui rappeler, le 25 septembre, l’importance de l’une et de l’autre. « Vous aurez, disait le ministre, à considérer quels résultats a déjà produits sur les Arabes de l’intérieur et sur la fidélité de nos alliés la longue défensive dans laquelle la province d’Oran a été tenue, et à examiner s’il est, en effet, sans danger de la prolonger... D’un autre côté, Abd-el-Kader, après une suite de combats glorieux pour nos armes, a pu cependant envahir, par ses lieutenans, la Medjana et porter la guerre dans la province de Constantine, où nous n’avions que quelques embarras intérieurs. »

Il est certain que, dans la Medjana, El-Hadji-Moustafa, le propre frère d’Abd-el-Kader, avait provoqué, au mois d’août, une insurrection générale et bloqué, ou peu s’en faut, la garnison de Sétif ; mais il faut ajouter qu’un beau combat de cavalerie, livré le 1er septembre aux environs de cette place, à Medzerga, par les chasseurs d’Afrique du colonel de Bourgon, dissipa la ligue insurrectionnelle et contraignit