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et les embruns. Les médecins de la marine n’ont pas cessé de signaler ce danger. On les a longtemps écoutés ; mais on recule aujourd’hui devant le nombre croissant des candidats qu’il faudrait exclure.

Je suis loin d’avoir parcouru le cadre des maladies et des infirmités que notre système d’éducation détermine ou aggrave. Les lecteurs qui désireraient des renseignemens plus complets sur ce sujet les trouveront dans les ouvrages spéciaux, et notamment dans la brochure publiée récemment par le docteur Lagneau et à laquelle j’ai fait plus d’un emprunt[1]. J’aurais craint, en prolongeant cette triste revue, de sembler me complaire à assombrir le tableau. J’ai dû me borner à mettre en relief les points les plus saillans, et surtout je me suis efforcé de me tenir dans une juste mesure. Je crois en avoir dit assez pour prouver que l’éducation donnée dans nos écoles est désastreuse pour la santé, malsaine pour le moral comme pour l’intelligence. Ses fâcheux effets se transmettent des pères aux enfans ; ils s’aggravent par l’hérédité, et, si cela continue, nous n’aurons bientôt plus que des générations débiles et névropathiques également incapables d’entretenir la race et de défendre le pays.


III.

La nécessité de réformer notre système d’éducation est signalée depuis longtemps par les hygiénistes. La plupart des ministres de l’instruction publique l’ont reconnue tour à tour, et le grand-maître actuel de l’Université, le savant de premier ordre que l’Académie de médecine s’honore de compter parmi ses membres, vient de prendre l’engagement d’alléger les programmes et de donner à l’enseignement des sciences une forme moins scolastique[2]. La question du surmenage intellectuel est à l’ordre du jour. Après avoir été agitée dans tous les congrès, elle a été récemment portée à la tribune de l’Académie de médecine, ainsi qu’à celles du sénat et de la chambre des députés. L’opinion publique s’en émeut, et la solution du problème s’impose. Il s’agit donc d’en indiquer nettement les termes, et, cette fois, il est du devoir de l’hygiène d’en faire connaître les conditions. Elles sont simples, n’ont rien de tyrannique et sont compatibles avec la plus puissante culture intellectuelle qu’un pays puisse donner à ses enfans.

  1. G. Lagneau, Du surmenage intellectuel et de la sédentarité dans les écoles. (Mémoire communiqué, en 1886, à l’Académie des sciences morales et politiques et à l’Académie de médecine.)
  2. Discours de M. Berthelot, ministre de l’instruction publique (séance du sénat du 25 février 1887>.