États-Unis, dans le Kentucky et l’Indiana, des chambres souterraines, d’un développement de plusieurs milliers de kilomètres, présentent de véritables rivières, où l’on peut naviguer jusqu’à ce qu’on soit arrêté par des cascades.
C’est aussi par une sorte de drainage que le calcaire caverneux des Apennins donne naissance à l’Aqua-Marcia, amenée à Rome, en l’art 608 avant Jésus-Christ, par le consul Quintus Marcius, et qui demeure encore de la première importance pour cette ville, « eau, dit Pline avec enthousiasme, la plus célèbre de l’univers, privilège de salubrité, l’un des bienfaits accordés à Rome par la faveur des dieux. »
Un fonds de vérité a souvent inspiré les fictions poétiques des anciens : la vue des cours d’eau qui s’engouffrent pour reparaître n’est-elle pas l’origine de la fable de la fontaine d’Aréthuse, que les Grecs considéraient comme une réapparition du fleuve Alphée ? Après une poursuite, depuis le Péloponèse et à travers la mer d’Ionie, il était censé atteindre enfin la nymphe personnifiée dans cette source, au moment où elle jaillissait près de Syracuse.
Nous venons de montrer que l’eau se trouve et se meut dans les interstices, fissures et cavités de l’écorce du globe. Mais en outre, elle existe partout sous un autre état, où, pour être tout à fait invisible, elle n’est guère moins importante. Toutes les roches, même les plus compactes, le granité et le quartz, en renferment dans leurs pores, malgré l’extrême petitesse de ceux-ci, qui les soustrait à nos instrumens grossissans ; retenue qu’elle est par l’attraction capillaire, elle n’est aucunement apparente. Mais la dessiccation, à la suite de laquelle elle parvient à se dégager, fait perdre à la roche une fraction sensible de son poids, au moins quelques dix-millièmes. En même temps, certaines qualités physiques de cette-dernière se modifient ; car les ouvriers, habitués à tailler l’ardoise, le silex et la plupart des pierres, trouvent une grande différence, pour la facilité de la tâche, entre ces substances encore pourvues de leur eau de carrière ou privées de cette eau par une exposition à l’air. Déjà les Romains profitaient de la porosité des onyx pour y faire pénétrer certains liquides et aviver la coloration de ces agates destinées à leurs camées. Sous cette forme latente d’imprégnation intime, et quelque faible qu’en soit la proportion relative, l’eau est incorporée dans les profondeurs de l’écorce terrestre en quantités immenses, peut-être comparables au volume qu’elle occupe à la surface du globe, dans le vaste bassin des mers.
Diverses circonstances physiques, telles que la configuration du sol, le voisinage des fleuves ou de la mer, ont, en tout temps,