aussi grande quantité qu’on le désire, sans qu’il puisse être refusé par le marchand ou par le créancier,
Mais l’or, ce souverain du monde, a, comme tous les despotes, un côté faible : c’est l’excès de son pouvoir. En raison de la valeur relativement considérable qu’il représente, il ne peut pas être employé dans les petites affaires, et celles-ci sont vingt fois plus nombreuses que les grosses transactions. À ce point de vue, l’argent serait plus nécessaire que l’or. Il faut donc diviser et même subdiviser la monnaie précieuse choisie comme type en monnayant d’autres métaux de moindre valeur. L’usage universel a consacré l’argent et le cuivre à cet emploi ; mais ici se présente la difficulté qui passionne et effraie en ce moment le monde commercial : c’est la difficulté d’établir entre ces divers métaux des rapports de valeur invariable. La solution du problème, bien simple en apparence, a été méconnue pendant des siècles, et c’est au comte Liverpool que revient l’honneur de l’avoir indiquée. Chaque pays attribuera, d’après la loi, une valeur conventionnelle aux monnaies inférieures, mais il en restreindra l’emploi et le pouvoir. Au lieu d’autoriser la frappe illimitée de l’argent, en laissant à tout particulier le droit de faire monnayer les lingots qu’il possède, comme cela existait chez nous avant 1878, le gouvernement se réserve le droit de frappe et ne l’exerce que dans la mesure des besoins qu’il constate. On nomme monnaies d’appoint celles dont la force libératoire est limitée ; cette limite varie ordinairement entre 50 et 100 francs pour l’argent, 15 à 25 francs pour le bronze; cela veut dire que celui à qui on paie n’est pas obligé de recevoir des pièces d’argent au-delà de la somme prescrite, à moins que cela lui convienne. Le métal argent cesse alors d’être un équivalent commercial ; il reste seulement à l’état de mesure, d’instrument fiduciaire, qui, employé à l’intérieur au-dessous du maximum fixé par la loi, conserve la plénitude de son pouvoir d’achat; c’est déjà ce qui se passe chez nous d’une façon incorrecte, il est vrai, puisque le pouvoir de l’argent n’est pas encore limité. Quand vous payez à un marchand 20 francs avec quatre grosses pièces de 5 francs, vous ne donnez au vendeur qu’une valeur réelle d’environ 14 francs ; de même qu’en payant 1 franc en gros sous, vous donnez à peine pour 0 fr. 50 de cuivre. Le marchand s’en contente, parce qu’il ne souffre pas de la différence, et, dans le courant des petites affaires, le consommateur ne constate aucun changement dans les prix.
Tel est dans la pratique le système de l’étalon unique d’or : le métal d’argent y conserve son rôle et son pouvoir avec des restrictions qui n’amoindrissent pas les ressources des familles et ne dérangent pas sérieusement les habitudes du petit commerce. Mais