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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 86.djvu/799

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son fameux pamphlet sur le Rhin, fleuve allemand, mais non pas frontière de l’Allemagne : Der Rhein, Deutschlands Strom, aber nicht Deutschlands Grenze. Toute une pléiade de poètes inspirés illustre cette époque de la délivrance, et célèbre le patriotisme dans des chants immortels : Arnim d’Achim, Frédéric Schlegel, Henri-Joseph de Collin, Henri de Kleist, également grands à côté de Koerner et d’Arndt. Pourtant, si le sentiment de la patrie émeut tout cœur bien placé et commande le respect bien au-delà des conventions nationales, nous ne comprenons plus l’exagération de ce sentiment poussé à la haine, nous surtout, fils de l’Alsace, quand Arndt, en 1840 déjà, nous crie comme dernière solution de l’unité nationale allemande :


……… Zum Rhein ! Uber’n Rhein !
All Deutschland in Frankreich hinein !


En Alsace-Lorraine, les patriotes rêvent l’accord, l’union, l’alliance de la France et de l’Allemagne, à une condition, il est vrai, que les maîtres du jour traitent de rêve chimérique. A ceux-là qui traitent de rêveurs les patriotes de notre espèce, nous répondons simplement, dans l’attente de l’avenir :


It was a dream, but it was not alone a dream.


Pour en revenir à l’organisation des forces militaires, les maîtres de l’art nous présentent la discipline comme première condition d’une bonne organisation de l’armée. Lors des débats sur le code pénal militaire allemand, le 7 juin 1872, le maréchal de Moltke a dit : « Autorité en haut, en bas obéissance, la discipline est toute l’âme de l’armée. La discipline seule rend l’armée ce qu’elle doit être ; une armée sans discipline est une institution dans tous les cas coûteuse, insuffisante pour la guerre, et dans la paix pleine de danger… Plus importante que ce qui a été appris à l’école est l’éducation de l’homme qui vient après l’école, pour lui inculquer l’ordre, la ponctualité, la propreté, la docilité et la fidélité, bref la discipline. C’est cette discipline qui a mis notre armée en état de gagner Victorieusement trois campagnes. » Avec raison, le grand homme de guerre qui a préparé les victoires de l’Allemagne pense qu’une autorité forte peut seule déterminer des milliers de gens à exposer leur santé et leur vie, au milieu des privations et des souffrances, pour l’exécution d’un ordre donné dans les circonstances les plus difficiles. Comme conséquence du principe d’autorité indispensable, garanti par le code, pénal, le sous-officier doit avoir une position privilégiée par rapport au simple soldat, de même