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troupeaux, la pratique de la vaccination pourrait n’être pas avantageuse. De fait, d’après une statistique produite l’année dernière par M. Chamberland au congrès d’hygiène de Vienne, sur plus de 1 million de moutons et plus de 100,000 bœufs vaccinés, la mortalité n’a été que de 1 mouton sur 200 et de 1 bovin sur 700, proportion qui permettait assurément de regarder comme négligeables les pertes imputables à l’opération. Quant à la question de savoir si les animaux vaccinés sont vraiment rendus réfractaires à la maladie spontanée, il résulte d’une expérience, instituée par M. Chamberland en 1881, et portant sur 23,550 moutons et 1,254 bovins, avec 25,160 moutons et 338 bovins non vaccinés pour fournir des termes de comparaison, que la mortalité est dix fois moindre environ sur les moutons vaccinés que sur ceux qui ne le sont pas, et qu’elle est de trente à quarante fois moindre chez les bovins vaccinés que chez les non vaccinés. En somme, d’après la totalité des résultats enregistrés, portant surplus de 1 million de moutons et de 100,000 bovins vaccinés, la vaccination, en y comprenant toutes les pertes qu’elle peut entraîner, a diminué la mortalité dans la proportion de 10 à 1 pour les moutons et de 15 à 1 pour les bovins, chiffres qui sont extrêmement favorables à la pratique des vaccinations, et qui prouvent que les avantages économiques de cette pratique seront incontestables partout où la mortalité dépasse chez le gros bétail 1 pour 100, et 2 pour 100 chez les moutons.

Nous venons d’indiquer, pour n’avoir pas à y revenir, les grands bienfaits qui devaient immédiatement résulter des recherches purement scientifiques de M. Pasteur sur la bactéridie charbonneuse, bienfaits dont les intérêts économiques, avec toutes leurs conséquences, ne devaient pas seulement avoir à profiter, puisqu’il est bien évident qu’en diminuant les pertes des troupeaux par le charbon, on ne conservait pas seulement un certain nombre d’animaux pour la consommation, mais encore qu’on diminuait les chances de contagion de la maladie à l’homme, cette contagion se faisant habituellement par le maniement des peaux d’animaux charbonneux, ou par la piqûre de mouches nourries du sang de ces cadavres. Nous n’en avons cependant pas fini avec le microbe du charbon, dont l’étude extraordinairement féconde devait encore fournir à d’autres observateurs, sur la vie des microbes en général, et sur leur rôle dans la production des maladies, de très importans éclaircissemens.


V

La plupart de ces travaux se rapportent aux effets de différens agens sur la vitalité, et, par suite, sur la virulence de la bactéridie