charbonneuse, et au mécanisme intime de l’immunité qu’une atteinte légère de la maladie charbonneuse, provoquée par l’inoculation de la bactéridie atténuée, confère contre une inoculation de la maladie mortelle.
L’action de la chaleur fut d’abord étudiée. En 1880, M. Toussaint fit connaître le résultat d’expériences d’après lesquelles du sang charbonneux, maintenu à la température de 55 degrés pendant dix minutes, constitue un vaccin capable de donner aux moutons l’immunité charbonneuse. Le même expérimentateur avait encore observé, presque à la même époque, que l’addition au sang charbonneux d’acide phénique, à la dose de 10 pour 100, donnait le même résultat. A vrai dire, ces procédés, au point de vue de la pratique des vaccinations, étaient assez imparfaits, car les bactéridies contenues dans le sang recevaient inégalement l’action de la chaleur, et étaient par suite très inégalement atténuées. M. Chauveau reprit ces expériences et en réglementa le procédé en appliquant la chaleur, non plus au sang charbonneux lui-même, mais aux liquides de cultures artificielles. Ces liquides, d’abord soumis à la température de 42 à 43 degrés, pour produire des bactéridies sans spores, étaient ensuite portés à la température de 47 degrés, pendant une, deux, trois, quatre heures et même davantage ; et, durant cette seconde phase, les microbes subissaient une atténuation suffisante pour produire à coup sûr une atteinte légère, servant de vaccination. M. Chauveau montra, en outre, que les spores elles-mêmes subissent l’action atténuante de la chaleur, quand elles proviennent de bactéries d’abord surchauffées, puis placées à la température de 32 à 35 degrés, favorable à la formation de ces spores, tandis qu’elles ne ressentent aucun effet de ce surchauffage quand elles sont de provenance normale, c’est-à-dire quand elles proviennent de bactéridies non atténuées. Cette atténuation était d’ailleurs complètement indépendante de l’action de l’oxygène, et pouvait même être hâtée par la soustraction de ce gaz ; mais, obtenue dans ces dernières conditions, elle avait le grand inconvénient de ne pas être persistante, c’est-à-dire de ne pas être transmissible héréditairement aux générations successives provenant des bactéridies aussi violemment influencées. En d’autres termes, la véritable atténuation paraissait être sous la dépendance de changemens survenus pendant l’évolution lente des élémens qui la subissent.
L’influence de l’oxygène comprimé, déjà bien étudiée par Paul Bert, fut de nouveau employée pour atténuer la virulence des cultures, par MM. Chauveau et Wosessenki, et, en 1884, ces expérimentateurs obtinrent de cette façon une culture atténuée d’une