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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 89.djvu/136

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façon très satisfaisante, pouvant servir aux vaccinations, et suffisamment fixée pour se transmettre ensuite dans les cultures à l’air libre.

Reprenant les premiers essais d’atténuation par l’acide phénique mentionnés par Toussaint, MM. Chamberland et Roux montrèrent de leur côté que diverses substances, dites antiseptiques, mélangées aux liquides des cultures, peuvent produire une atténuation, et même une atténuation transmissible aux cultures subséquentes. Ainsi l’acide phénique, à la dose de 1 pour 800, et le bichromate de potasse à celle de 1 pour 1,200 ou 1,500, ajoutés à un bouillon de culture, en atténuent la virulence proportionnellement à la durée du séjour de la bactéridie dans ce milieu ; de telle façon que, si l’on fait, à divers intervalles, des semences avec cette culture mère dans des bouillons ordinaires, la bactéridie poussera en conservant le degré d’atténuation qu’elle avait au moment où elle a été prélevée.

Enfin, des expériences récentes de M. Arloing ont démontré que les cultures de la bactéridie charbonneuse, exposées dans un milieu liquide aux rayons du soleil, éprouvent une atténuation graduelle, en même temps que leur végétabilité est ralentie ; si l’ensoleillement se prolonge, la virulence, et finalement la vie de la culture, finissent même par disparaître.

Malgré toutes ces acquisitions nouvelles, certainement très intéressantes au point de vue de la connaissance des conditions de la vie des microbes, il faut dire que c’est la méthode de M. Pasteur, c’est-à-dire l’altération par la chaleur, obtenue à 42 ou 43 degrés, au contact de l’air pur, qui réalise encore le mieux ce qu’on a appelé si justement « la création de véritables races de virus vaccins. »

En dépit d’expériences si nombreuses et si variées, le fait de la vaccination, le phénomène de l’immunité acquise, comme on la nomme encore, restait cependant absolument inconnu dans son mécanisme intime. Comment cette immunité était produite, on le savait bien maintenant : c’était par le moyen d’une atteinte primitive légère de la maladie à éviter. Mais pourquoi l’immunité résultait-elle de cette atteinte, autrement dit pourquoi certaines maladies ne récidivaient-elles pas ? On n’avait encore proposé que des hypothèses plus ou moins probables pour résoudre cette. seconde partie du problème.

M. Pasteur, le premier, avait proposé une théorie, dite théorie de l’épuisement, qui était fondée sur ce fait, que le liquide ayant servi à une première culture du microbe du choléra des poules n’est plus apte à une nouvelle culture, et cela sans doute à cause de l’épuisement de certains principes nécessaires à la prolifération du microbe. Par un phénomène analogue, un organisme vacciné ne serait qu’un organisme privé, par une première maladie, de