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puissent asseoir leur jugement en connaissance de cause. L’étude que nous poursuivons ici en donne la preuve. L’institution des dépôts de remonte a été créée en 1821 ; elle avait été projetée vingt ans auparavant, et aucune modification n’a été apportée au but qu’on se proposait dès l’abord : procurer à la cavalerie un excellent cheval de guerre, en utilisant exclusivement les ressources du pays. Comme corollaire, il fallait répandre dans la population le goût et la connaissance du cheval, pour créer, pour ainsi dire de toutes pièces, un modèle spécial possédant des qualités bien déterminées.

Ce but, poursuivi sans relâche depuis plus de soixante ans, a été atteint, et si l’institution n’est pas arrivée encore au terme de sa plénitude d’action, encore est-il qu’il y a aujourd’hui unanimité dans le pays et dans l’armée pour reconnaître et proclamer les immenses progrès dont elle a été la source. Et cependant ce n’est pas que des détracteurs nombreux, puissans, autorisés, n’aient élevé la voix à l’origine, et pendant de longues années, pour battre en brèche les mesures qui devaient donner de tels résultats. Si nous comparons maintenant à l’état de choses existant en Prusse la situation de la Bavière, où cependant au XVIIIe siècle la production chevaline était plus florissante, peut-être est-on fondé à conclure que les vicissitudes sans nombre subies, depuis le commencement du siècle, par les institutions hippiques de ce pays, ont eu pour résultat unique de rendre la Bavière entièrement tributaire de la Prusse pour la remonte de son armée.


II

Chaque dépôt de remonte, en Prusse et en Bavière, forme une exploitation agricole dirigée par un fonctionnaire civil portant le titre d’administrateur et qui verse un cautionnement.

Le personnel sous ses ordres comprend un ou plusieurs adjoints (Oekonomie-Inspectoren), suivant l’étendue des terres cultivées, et un comptable. Ces agens sont d’anciens militaires ayant droit à un emploi civil. Pour la culture, on engage un nombre indéterminé de domestiques à l’année ou d’hommes de journée. Quant à la direction des soins à donner aux chevaux, ce sont des vétérinaires sortant de l’armée qui en sont chargés. Chaque dépôt possède, suivant son importance, un ou plusieurs de ces fonctionnaires. Le vétérinaire a sous ses ordres des palefreniers chefs et des palefreniers. Ces derniers sont au nombre d’un homme pour vingt chevaux.

Les chevaux arrivent dans les dépôts à trois ans ou trois ans et