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nouvelles éditions en 1597, en 1598, en 1603 et en 1632. On s’est remis à en faire paraître de nouvelles encore depuis 1832. M. de La Borderie discute la valeur de ces éditions, qu’il trouve fautives. Lui-même nous donne celle des Propos rustiques de 1547, avec toute sorte d’éclaircissemens. Il annonce un glossaire lorsqu’il publiera les Baliverneries. Nous regrettons qu’il ne l’ait pas fait pour les Propos. C’est rendre service aux lecteurs, quand on publie les œuvres de ces vieux écrivains, de leur en faciliter la lecture par une explication plus complète des termes et aussi de certaines obscurités de sens. Un travail de ce genre serait ici bien moins difficile que pour Rabelais. M. de La Borderie ne s’est pas borné à son rôle d’éditeur. Il a donné dans la Bibliothèque de l’École des chartes une série d’études intéressantes sur Noël Du Fail lui-même. Je regretta que ce travail presque achevé soit resté suspendu, il y avait dans la vie du magistrat breton plus d’une lacune à combler. On ne pouvait compter sur les archives municipales de Rennes, incendiées en 1720. il a donc fallu recourir à d’autres sources, et le biographe, à qui ces recherches sont familières, n’y a pas manqué. Sans doute, quelques vides subsistent malgré ses laborieuses investigations. Mais on peut dire que le personnage se trouve eu quelque sorte restitué. Nous emprunterons nous-même quelques traits à ce consciencieux travail sur la vie et le caractère du magistrat et du gentilhomme rural.

Noël Du Fail appartenait à une famille de noblesse assez ancienne. Il n’è(ait pas homme à l’oublier, quoique les seigneurs de Château-Létard, son lieu de naissance, ne fussent pas d’une bien grande noblesse. Sa famille avait acheté, seulement au XVIe siècle, le château de La Hérissaie, en la paroisse de Pleumeleuc, qui appartient aujourd’hui au canton de Montfort-sur-Méa, dans le département d’Ille-et-Vilaine. il passait une partie de son temps, durant ses années d’enfance et de jeunesse, à la campagne, il étudia à Rennes, à Angers et finalement à Paris, où il achevait ses études de droit. Nul doute que le séjour qu’il y fit dans sa pleine et vive jeunesse ne l’ait beaucoup développé en tous les sens. On peut se le figurer dans ce Paris du temps de François Ier, si animé du mouvement des lettres, des arts, de l’esprit sous toutes ses formes. Mais en ce temps de vie débordante, les écoliers s’égayaient fort aussi et mettaient pour le moins autant d’emportement dans leurs plaisirs que d’ardeur dans leurs études. Du Fail ne paraît pas avoir été d’humeur à faire exception. Les jeunes étudians qu’il fait parler dans ses contes discutent en gens curieux de bien des questions, mais ils ne nous font pas moins part de plus d’un bon tour de leur façon. Les voyages ne manquèrent pas non plus à son éducation, il visita l’Italie. Tout cela était de nature à aiguiser son