Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/653

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

importante était le partage périodique des terres communes. Le tunscip était un petit état rural souverain.

Plus tard, sous le régime féodal, le manoir s’empara peu à peu de la plus grande partie de ces terres communales et le reste devint propriété privée des cultivateurs. L’un des principaux objets dont l’autorité locale avait à s’occuper vint à disparaître, ainsi que la responsabilité collective qui formait un lien puissant entre les familles voisines. Le manoir et le pouvoir central accaparèrent d’autres attributions, notamment de celles qui concernaient la justice, et ainsi la commune civile, le tunscip, s’effaça pour faire place à la commune ecclésiastique, le parish[1]. Toutefois, dans les actes anciens, le mot town est encore souvent employé dans le sens de parish. Le parish meeting, appelé aussi vestry meeting, remplaça le tunscipmot. Tous les chefs de famille continuaient à se réunir, chaque année, pour régler directement les intérêts communaux ; mais, à mesure que la cour et les agens du manoir attiraient à eux la décision des affaires civiles, leurs soins s’appliquèrent plus exclusivement aux affaires de l’église. Cependant, au XVIe siècle, la commune, le town ou parish, s’occupait encore de maintenir l’ordre sur son territoire, de secourir les pauvres, d’entretenir l’église et les grands chemins, et de régler la jouissance des biens communaux, ainsi que de tout ce qui n’était pas devenu « manorial, » c’est-à-dire relevant du manoir. À cet effet, l’assemblée du village pouvait imposer certaines taxes et faire des règlemens locaux (by-laws, loin du bie ou by, village, dans les langues scandinavo-germaniques).

Pouvaient assister à l’assemblée tous ceux qui avaient un intérêt dans les décisions à prendre, par conséquent ceux qui avaient une habitation dans le village ou qui y « fumaient des terres. » La convocation se faisait dans l’église, avant ou après le service, ou parfois sur la place du marché. Des réunions avaient lieu régulièrement pour la reddition des comptes, pour l’élection des fonctionnaires et, extraordinairement, pour décider une réparation urgente aux chemins, à l’église et pour la levée des impôts.

Le fonctionnaire principal était le constable qui avait charge de la police et de l’arrestation des malfaiteurs, chose très importante, car la paroisse, le town, était pécuniairement responsable des vols et des assassinats commis sur son territoire. Il avait le droit de nommer des gardes, surtout pour la nuit ; il représentait la

  1. Le mot anglais parish vient, par le français et le latin, du mot grec παροιϰία (paroikia), indiquant un groupe d’hommes différens du reste de la population. Vestry est pris du mot vestiarum (le vestiaire), le lieu où l’on conservait les vêtemens ecclésiastiques.