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commune auprès des autorités du comté. Les churchwarden ou marguilliers, aussi élus par les habitans, formaient un corps qui veillait à l’entretien de l’église, des vêtemens du pasteur et à toutes les nécessités du culte.

Les maîtres des pauvres, overseers of the poor, donnaient des secours aux indigens, conformément à la loi d’Elisabeth, et levaient à cet effet une taxe spéciale consentie par les contribuables. Les marguilliers convoquaient, chaque année, les habitans pour choisir deux hommes probes qui étaient chargée d’entretenir les chemins et de régler la prestation des six jours de corvée que chacun devait, chaque année, à cet effet.

En outre, sous des noms très différens : jurats, questmen, swornmen, sidesmen, etc., et avec des attributions mal définies, on rencontrait dans chaque village un groupe d’hommes composés principalement d’anciens constables et de churchmaden, élus par les habitans et qui avaient pour mission d’assister de leurs avis les fonctionnaires communaux. Ils devinrent plus tard le select vestry en Angleterre et les townmen, prudential men ou selectmen dans la Nouvelle-Angleterre. Jusque-là, le gouvernement direct avait été complètement exercé par les citoyens ; mais bientôt, en Amérique, on vit apparaître un corps représentatif. Les institutions communales des Anglo-Saxons, transportées au-delà de l’Atlantique, y reçurent une vie nouvelle qui les rapprocha du tunscipmot primitif, sous l’influence démocratique du christianisme réformé, que les puritains et les Pilgrim fathers pratiquaient dans leur nouvelle patrie. Comme le dit un auteur qui a étudié à fond les origines de la démocratie aux États-Unis, le président Portet : « Tout ce qui caractérise la vie politique de la Nouvelle-Angleterre vient du meeting house, de la salle d’assemblée religieuse. Sa construction a été l’origine de toutes les communautés qui s’y sont fondées, et c’est d’elle qu’émanent les traits distinctifs de leur histoire. »

Quand les émigrés anglais s’établissent dans la baie de Massachusetts, on voit naître parmi eux le gouvernement communal d’une façon pour ainsi dire naturelle. Ainsi, à Rochester-Town. le 8 octobre 1633, ils se réunissent et décident qu’à certains jours, le son du tambour appellera tous les habitans de la II plantation » à l’église, afin d’y arrêter, dans l’intérêt général des règlemens auxquels tous seront tenus de se soumettre, et de choisir douze hommes qui ordonneront toute chose jusqu’à la prochaine assemblée mensuelle. Ces hommes choisis, ces selectmen, formèrent plus tard le conseil municipal.

Le township constitua l’unité politique primordiale, la molécule organique, dont la multiplication et l’union constituèrent l’État. Le