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A TRAVERS L'EXPOSITION

VII.[1]
LA GUERRE. - LA PAIX SOCIALE.


LA GUERRE.

Du haut de la Tour, le regard n’aperçoit d’abord que le gai panorama de l’Exposition, tout lui est image de travail ou de plaisir ; dès qu’il se relève sur l’horizon, par-delà le joyeux pêle-mêle des jardins, des pavillons, des dômes bleus ou dorés, derrière l’énorme serre vitrée des machines, il découvre un autre monument, masqué aux visiteurs du Champ de Mars par l’écran fragile de tôle et de verre ; maison plus ancienne et plus solide, œuvre élégante de l’architecte Gabriel, qui réapparaîtra dans quelques semaines, quand on aura jeté bas le brillant décor, et demeurera seule ; c’est l’École de guerre, embusquée là comme une bête de proie à la lisière d’une forêt. L’arrangement du hasard semble prémédité, tant il est significatif. De même, sur l’esplanade des Invalides, au centre des campemens exotiques et coloniaux, un bâtiment plus sévère domine le pittoresque bazar ; tous ces fragmens du globe sont venus s’agréger au palais de la guerre, nos hôtes soumis montent la garde à tour de rôle devant la maison-mère, sans laquelle ils ne seraient pas ici. Beau sujet d’antithèses pour la rhétorique humanitaire ; elle ne se fait pas faute de geindre sur ces rapprochemens, et d’affirmer que ceci tuera cela, que la fusion des

  1. Voyez la Revue du 1er du 15 juillet, du Ier et du 15 août, du Ier et du 15 septembre.