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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 102.djvu/214

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REVUE LITTERAIRE

LA PHILOSOPHIE DE SCHOPENHADER

ET

LES CONSÉQUENCES DU PESSIMISME.

Le Monde comme volonté et comme représentation, traduction de M. A. Burdeau Paris, 1888-1890; F. Alcan.

Il n’y a pas encore très longtemps qu’ici même, annonçant la première traduction française, par M. J.-A, Cantacuzène, du principal ouvrage de Schopenhauer : le Monde comme volonté et comme représentation, nous en prenions prétexte pour justifier le philosophe de quelques imputations ridicules, et pour dégager de son système ce qu’il nous paraissait contenir d’essentiel, de plus original, et de vraiment durable. Nous avions cependant peu parlé de son pessimisme. C’est qu’on en parlait beaucoup alors, autour de nous ; et, sans doute, on sait assez qu’il n’y a rien de plus fâcheux pour une doctrine philosophique que d’être, comme l’on dit, à la mode. Non pas, assurément, que tout le monde n’ait le droit d’en juger, et le devoir même, quand elle n’est, à vrai dire, comme le pessimisme, qu’une conception ou qu’une théorie de la vie. Mais le propre de la mode est, si j’osais risquer ce barbarisme expressif, de futiliser tout ce dont elle s’occupe, afin de le pouvoir commodément traiter dans ses salons ou dans ses journaux; et je n’en voudrais pour preuve, au besoin, que les plaisanteries qu’on entend faire encore quelquefois sur le pessimisme, ou que la manière dont on parle de Schopenhauer dans la Vie parisienne et dans le Charivari. Ce qu’elle a de moins bouffon n’a pas consisté, j’imagine, à travestir