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nus, tels que le dernier rapport financier en établissait le chiffre, montent à 188,805 livres ; en trente-neuf ans, elle a dépensé en secours à des sociétaires malades, frais de funérailles, indemnités à des veuves, placemens de fonds, 2,667,367 livres, près de 67 millions de francs. Elle a réussi à ramener de 63 heures à 54 la durée du travail à la semaine et à faire porter de 18 à 26 et de 34 à 38 schellings le minimum et le maximum des salaires de ses hommes. Non moins remarquable par la grandeur des résultats obtenus est l’œuvre de la Société mixte des charpentiers et menuisiers, qui naît en 1860 à la vie économique et ne rallie, au début, que 818 souscripteurs. En trente ans, elle arrive à grouper 30,000 individus et à créer, aussi bien aux États-Unis que dans l’empire britannique, d’innombrables ramifications. Sans être aussi considérable que celui des mécaniciens, le patrimoine de la corporation ne s’élève pas à moins de 68,000 livres de rente, c’est-à-dire 1 million 700,000 francs. Les débours de toute nature auxquels elle a consenti, de 1860 à 1890, dans l’intérêt de ses partisans, sont représentés par une somme de 814,170 livres sterling, entre 20 et 21 millions. Encore quelques exemples : aussi bien les sociétés dont nous citons les noms sont-elles regardées, en Angleterre, comme la moelle de l’unionisme. La Compagnie des mouleurs de fer, créée en 1810, à l’époque où il fallait conquérir pied à pied le droit de vivre, se compose de 11,700 membres ; en cotisations et en revenus, elle encaisse annuellement 42,260 livres sterling ; dans une période de cinquante-sept ans, ses frais généraux ont atteint 25 millions de francs. Plus importante encore est l’Union des ouvriers constructeurs de chaudières et de navires en fer, dont le siège est à Newcastle-on-Tyne. Le développement progressif de la navigation à vapeur lui amène, pour ainsi dire chaque jour, de nouvelles recrues. Sur les 75,000 livres dont elle dispose, elle sert de grosses pensions aux vétérans du métier, travailleurs fatigués qui luttaient avec vaillance cinquante ans auparavant, mais dont la robuste foi n’aurait jamais osé entrevoir une aussi éblouissante prospérité. Toutes ces associations sont des modèles d’organisation économique, et il faudrait les nommer l’une après l’autre : l’Union des carrossiers, avec 4,700 adhérens et 11,700 livres de revenu ; des ouvriers cordonniers, des porteurs et hommes de peine des chemins de fer ; puis les briquetiers, les plombiers ; les typographes, dont le groupe se chiffre par des milliers et des milliers de sociétaires. Dernièrement, l’assemblée générale des tailleurs livrait à la publicité le compte rendu semestriel de ses opérations. 17,250 membres, 366 branches, 19,500 livres sterling de rente. C’est un des groupes les plus populaires ; qu’une maladie contagieuse vienne à