Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nos tentes, un troupeau de ces splendides animaux en train de paître tranquillement sur le versant d’une montagne. »

Enfin, parmi les carnivores rapaces du Gobi figurent le tigre et le loup, mais non pas l’ours, qui semble y faire complètement défaut, bien qu’il se trouve dans les montagnes de Thian-chan.


III

Après ce rapide coup d’œil sur l’hydrographie, la flore et la faune du Gobi, nous examinerons de plus près les particularités qui caractérisent les diverses parties de cette vaste contrée. On peut y distinguer les trois régions suivantes : celle bordée de tous côtés par le Hoang-ho et nommée Ordos ; celle située à l’ouest de ce fleuve, et représentée par le vaste désert d’Alaschan ; enfin la région septentrionale qui s’étend jusqu’à la frontière de la Russie et qui constitue la Mongolie, ou le Turkestan mongol.

La région de l’Ordos, comprise dans l’intérieur de la courbe semi-circulaire que décrit le Fleuve-Jaune (Hoang-ho), forme une steppe presque unie, dont le sol est partout sablonneux ou salé, et par conséquent impropre à la culture, en exceptant la vallée du Hoang-ho, habitée par une population chinoise sédentaire. L’Ordos, dont l’altitude absolue est de 1,000 à 1,300 mètres, peut être considéré comme pays de transition entre le Gobi et la Chine.

Le Fleuve-Jaune décrit des méandres assez tortueux, en parcourant 100 mètres par minute. Dans les parages de la petite ville de Banta, les rives et le fond du fleuve consistent en limon ; son eau est tellement chargée de substances terreuses, qu’elle en contient au-delà de 3 pour 100. Cependant, les impuretés contenues dans son eau, qui lui donnent une teinte jaune grisâtre, n’ont rien d’insalubre, lorsqu’on a la précaution de les laisser se déposer. Sur son parcours dans le pays de l’Ordos, la largeur du fleuve est presque partout la même ; vis-à-vis de la ville de Dincha, elle est de 385 mètres. Sa profondeur est très considérable et l’on n’y trouve nulle part des gués qui permettent de la traverser. Il est probable que, sur cet espace, le fleuve se prêterait à la navigation des bateaux à vapeur.

Le Hoang-ho a fréquemment changé son cours, ainsi que le prouvent d’ailleurs ses anciens lits, dont l’un, nommé Ulan-Chalan, est parfaitement conservé. Un changement de cette nature vient d’avoir lieu récemment avec une violence extraordinaire. Le fleuve a tourné brusquement au sud-est, et débouche actuellement, de concert avec le Hweï-ho, dans le lac Hung-tsi, qui se rattache au