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ès lettres était chargé, suivant les besoins du service, d’une classe de lettres ou d’une classe de philosophie, d’une classe de grammaire ou d’une classe d’histoire, parfois de toutes l’une après l’autre. Pour remédier à ces défauts et à ces inconvéniens, on tailla, dans la licence ès lettres, sur le fonds commun des études classiques, autant de circonscriptions qu’il y a de groupes naturels dans l’enseignement complet d’une l’acuité des lettres et d’espèces de classes dans l’enseignement secondaire : les lettres proprement dites, la philosophie, l’histoire et les langues vivantes.

Il n’y avait pas à toucher à la licence ès sciences. De tout temps, avec ses trois branches, sciences mathématiques, sciences physicochimiques, sciences naturelles, elle avait répondu à la division théorique de la science. Il n’y avait rien non plus à modifier au doctorat ès sciences et au doctorat ès lettres. C’étaient des épreuves d’une haute valeur et d’un haut prix, tenues beaucoup plus haut qu’elles n’ont jamais été dans aucune des universités de l’étranger, et auxquelles nul ne pouvait prétendre sans avoir fait œuvre personnelle et savante.

Aussi, dans ces deux ordres de facultés, le plus urgent était-il moins d’appareiller les grades à la science que l’enseignement aux grades. On a vu, dans la première partie de ce travail, ce qu’étaient d’ordinaire les cadres d’une faculté des sciences et d’une faculté des lettres ; ils étaient loin d’avoir l’ampleur et la variété de la science. On a vu aussi quelle sorte d’enseignement s’y donnait. Avec une dépense considérable de talent et d’efforts, il était loin d’avoir les caractères et les effets d’un enseignement scientifique. Il fallait donc tout à la fois l’élargir et le modifier. On l’élargit en créant de nouvelles chaires, de nouveaux cours complémentaires, en instituant ces maîtrises de conférences dont nous avons fait le dénombrement. On le modifia en organisant à côté des cours publics, des cours fermés et en mettant dans ces cours de véritables élèves.

Créer de nouvelles chaires, de nouveaux enseignemens, était alors chose relativement facile. Que fallait-il ? De nouveaux crédits, on les obtenait sans peine ; de nouveaux maîtres, on en avait de jeunes, formés aux bonnes méthodes, qui ne demandaient qu’à faire leurs preuves, et à contribuer pour leur part à cette rénovation de l’enseignement supérieur. Le reste, c’est-à-dire la transformation des méthodes et la formation de ces deux nouvelles espèces d’étudians, inconnues jusque-là, l’étudiant en lettres et l’étudiant en sciences, présentait plus de difficulté. Il fallut, pour aboutir, tout le prosélytisme patient et persuasif d’Albert Dumont. Son dessein n’a jamais été, comme on l’a dit, la suppression absolue des cours