Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/892

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’attributions… Il a paru qu’il y avait, à côté des intérêts particuliers de chaque enseignement et de chaque faculté, des intérêts communs à l’enseignement tout entier, et que, par suite, la charge de veiller à ces intérêts devait être confiée au conseil général des facultés. C’est lui qui maintiendra les règlemens des études ; c’est lui qui coordonnera les programmes des cours et en assurera l’harmonie ; c’est lui qui sera consulté sur les services communs, tels que la bibliothèque et les collections ; c’est lui qui proposera au ministre la répartition des crédits entre ces services ; il aura en outre des attributions disciplinaires qui feront de lui, en face des étudians, la représentation effective de tout le corps enseignant ; enfin, par les vœux qu’il sera autorisé à émettre sur les créations nouvelles, par les rapports qu’il devra présenter chaque année, par les avis autorisés qu’il pourra donner sur les chaires à supprimer ou à transformer, il sera le gardien de l’ordre dans les études, et, dans la discipline, le défenseur des droits de chacun ; et, s’il veut bien comprendre toute l’étendue de sa mission, le promoteur des changemens heureux et des nouveautés hardies. »

Naturellement, toutes ces espérances ne se sont pas réalisées partout au même degré. Il est des conseils généraux qui se sont plus attachés à la lettre qu’à l’esprit de leur rôle ; il est des facultés qui ne se sont pas pliées sans déplaisir à ce partage d’attributions, ni franchement soumises à cette subordination ; il en est où l’esprit particulariste ne s’est pas fondu dans un esprit plus large, mais il en est d’autres aussi où la fusion s’est faite presque instantanément. Je ne les nommerai pas ; mais elles se reconnaîtront bien. Ce sont celles où l’esprit commun, l’esprit de la science préexistait à l’état latent. Aussi, à peine pourvu d’organes, s’est-il immédiatement dégagé, manifesté, et, de ce qui la veille était membres disjoints, a-t-il fait un tout homogène et vivant. Celles-là, la loi les discernera sans peine le jour où les pouvoirs publics estimeront que l’expérience instituée par les décrets de 1885 est assez concluante pour justifier la création d’universités véritables.


IV

Concentration des maîtres au sein de chaque faculté, concentration des diverses facultés dans chaque ressort académique, voilà les deux phénomènes principaux de l’enseignement supérieur en ces dernières années. En même temps s’opérait spontanément, en dehors de l’enceinte des facultés, une autre concentration, celle des étudians. Il y a quelque temps, le père Didon écrivait ceci, au retour d’un voyage aux universités allemandes : « Dans mon