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Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 98.djvu/425

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sociale, l’histoire. En effet, l’une des parties fondamentales de l’éducation ecclésiastique, c’est l’histoire ecclésiastique ; la religion reposant sur la tradition, l’histoire, qui est la preuve de la tradition, devenait un élément intégrant nécessaire de l’éducation. Sans doute cette histoire était faite à un point de vue plus ou moins altéré ; ce n’en était pas moins la première apparition de l’histoire, non plus seulement comme un art agréable, mais comme partie intégrante d’un corps de doctrines, d’une éducation civilisatrice. — 3° L’infaillibilité du pape. On sait combien cette question a agité le monde moderne, combien cette doctrine de l’infaillibilité papale a rencontré d’adversaires, non-seulement chez les philosophes, mais dans l’église même. On sait que les plus grands catholiques, Bossuet par exemple, lui ont été contraires ; enfin, que de nos jours ce n’est pas sans déchirement et sans douleur que ce dogme a été proclamé. Les chrétiens les plus sincères et les plus illustres ont été frappés dans leurs plus chères convictions. Auguste Comte, dans cette affaire, est plus conséquent qu’eux tous. Il affirme que l’infaillibilité du pape est la conséquence logique, et, suivant lui, bienfaisante, de la doctrine catholique. Ce qu’il ajoute, à la vérité, n’est pas précisément pour plaire aux catholiques, c’est que ce dogme, en restreignant l’inspiration divine à un seul, a affranchi d’autant le reste de l’humanité des préoccupations théologiques. — 4° Le célibat des prêtres. Cet article a soulevé les plus violentes attaques des protestans et des catholiques. Auguste Comte n’hésite pas à défendre encore ce point scabreux de la discipline catholique ; et, indépendamment des raisons données d’ordinaire en faveur de cette institution, il en présente encore une raison profonde et qui lui est personnelle, c’est que le célibat a rendu impossible l’institution d’une caste sacerdotale ; comme on le voit, du reste, par l’exemple du bouddhisme, qui, par le seul fait du célibat religieux, a ruiné le système des castes. — 5° Le pouvoir temporel des papes. Rien de plus curieux que de rencontrer dans Auguste Comte un défenseur du pouvoir temporel, et par les argumens qui ont servi et servent encore aux catholiques de nos jours. « Le système catholique eût été, dit-il, rapidement absorbé ou plutôt annulé par la prépondérance temporelle, si le siège de son autorité centrale se fût trouvé enclavé dans quelque juridiction particulière dont le chef n’eût pas tardé à s’assujettir le pape comme une espèce de chapelain. » — 6° L’éducation populaire. On a reproché au clergé catholique l’ignorance où il a laissé le peuple. Auguste Comte répond à cette accusation. Il loue, au contraire, le clergé d’avoir fondé l’éducation populaire, absolument ignorée de l’antiquité : « La plupart des philosophes, même catholiques, n’ont pas assez