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LA REPUBLIQUE
ET
LES CONSERVATEURS

La France a traversé une crise où les républicains ont craint de voir la république succomber. Et voilà que le pays semble condamné à rester en proie aux mêmes passions, aux mêmes divisions, aux mêmes luttes stériles. N’y a-t-il donc rien de changé dans l’humeur et le tempérament des partis ? Allons-nous simplement assister à la reprise de la pièce bruyante et monotone qui se joue, depuis quelque douze ans, sur la scène parlementaire ? A-t-on déjà oublié que le public en est las ? Pendant quelques semaines, on a craint que sa colère ne s’en prît aux acteurs et ne fermât le théâtre. Après une clôture de plusieurs mois, voici la salle rouverte ; la troupe est en partie renouvelée ; va-t-elle s’en tenir à son ancien répertoire et nous redonner, pendant quatre ans, la fastidieuse et indécente comédie tant sifflée naguère ?

Qu’y a-t-il, encore une fois, de changé dans la situation ou l’orientation des partis ? Qu’avons-nous à espérer de la majorité, et que peut-on attendre de la minorité ? Toutes deux ont leur part à prendre de la leçon infligée au parlement par le pays. Nous voudrions examiner ici quelle attitude convient à la droite dans la nouvelle chambre, et ce que la république est en droit de demander des conservateurs.