le lotus employé à rendre la même nuance de pensée : dans des applications assez indirectes du symbolisme solaire. Il faut remarquer, en effet, que de part et d’autre, cette plante figure moins le soleil lui-même que la matrice solaire, le sanctuaire mystérieux où le soleil se retire chaque soir pour y puiser une vie nouvelle. Les Égyptiens disaient que le lotus renferme le secret des dieux, et Horus est parfois représenté s’élançant d’un calice lotiforme que tient Hathor. De même les textes sacrés de l’Inde nous parlent constamment des dieux comme sortis du lotus, et une légende hindoue, rapportée par le père Vincenzo de Santa-Catarina, fait habiter Brahma dans une mer de fait sur une fleur de lotus où il dort et veille alternativement six mois chaque année.
De là une double extension attribuée au sens du symbole. Les Égyptiens, qui voyaient dans la renaissance du soleil une représentation et un gage de la destinée humaine, firent du lotus un symbole de résurrection et d’immortalité. On observe, parmi les peintures d’un sarcophage actuellement au Louvre, un scarabée qui sort d’une fleur de lotus, entre Isis et Nephtys dans leur attitude de gardiennes et protectrices des morts. Le lotus fut même adopté avec cette signification funéraire par le symbolisme de l’Occident ; on l’y retrouve non-seulement dans les traditions grecques relatives aux Lotophages, ce peuple fabuleux, peut-être d’outre-tombe, qui se nourrit du lotus pour oublier la vie et ses peines, mais encore dans les inscriptions de pierres tombales comme celles qu’on découvrit il y a quelques années à Juslenville près de Liège, dans un cimetière belgo-romain du IIIe siècle. D’autre part, en tant que réceptacle de la vie universelle, le lotus devint aisément le symbole de la création. C’est surtout dans cette acception qu’il fut adopté par les Hindous. Les Brahmanes, comme les Égyptiens, représentèrent la première forme de l’univers par l’image d’un lotus flottant sur les eaux. C’est sur un lotus d’or que Brahma apparaît à l’origine des temps, et c’est avec les diverses parties de cette plante qu’il crée les différentes parties du monde. Les bouddhistes, de leur côté, qui regardaient la vie comme un mal, choisirent le lotus pour symboliser, soit l’ensemble des créations qui remplissent l’univers et s’y emboîtent à l’infini, soit l’enseignement sublime par lequel leur Maître a dévoilé le moyen de se soustraire à l’enchaînement des renaissances, et c’est dans ce sens qu’ils portèrent jusqu’aux limites de l’extrême Orient le lotus de la Bonne-Loi.
Nous ignorons et nous ignorerons peut-être toujours comment les premières communications d’idées ont pu se faire entre l’Égypte et l’Inde. Mais nous pouvons du moins, grâce aux monumens