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pour l’échéance de fin d’année, soit pour la souscription à l’emprunt. À Londres, la position de la Banque d’Angleterre reste très forte, malgré une diminution de 1,036,000 livres sterling à l’encaisse, et une réduction assez sensible du taux de proportion de la réserve aux engagemens. Le change sur Londres a faibli et les banquiers ont commencé à faire revenir à Paris des fonds pour l’opération de janvier. Les deux liquidations de Londres et de Berlin ont attesté que d’importans dégagemens s’étaient opérés au cours du mois et que la spéculation n’était plus chargée outre mesure. La facilité avec laquelle les acheteurs sur ces deux places ont pu effectuer la prorogation de leurs engagemens a rendu quelque animation aux affaires dans les derniers jours et déterminé sur la plupart des fonds étrangers un mouvement de reprise qui est pour l’exercice 1890 une clôture favorable. Au point de vue de la politique internationale, l’année qui s’achève ne lègue à celle qui va naître absolument aucun motif d’inquiétude. Aucune question grave n’est posée et tous les incidens secondaires ont été successivement réglés. La paix, comme le déclarait le roi Humbert dans son dernier discours du trône, est plus que jamais assurée.

Pour le marché de Londres, et, par solidarité, pour les autres marchés, il y a encore deux points d’appréhension : l’état incertain de la législation monétaire aux États-Unis et le désordre croissant dans les affaires argentines.

Au congrès de Washington s’agitent en ce moment les projets les plus divers ayant tous pour fin un accroissement du volume, reconnu décidément insuffisant, de la circulation fiduciaire. Les certificats et billets du Trésor émis en représentation soit de dépôts de monnaies d’argent par les particuliers, soit d’achats de lingots d’argent fin par le gouvernement, ne comblent pas le vide laissé dans la circulation par le retrait graduel des billets des banques nationales. Il faut élargir encore les voies par où le système monétaire américain doit s’avancer vers le bimétallisme, ou, plus exactement, vers l’adoption de l’étalon unique d’argent.

Il est donc proposé que le Trésor achète tout le stock d’argent en lingots que les manœuvres de la spéculation à la hausse ont accumulé à New-York et qui s’élève à 12 millions d’onces, et cela, naturellement, sans préjudice des achats réguliers, prescrits par le silver act, de 4,500, 000 onces par mois. Le Trésor, de plus, ferait refondre d’anciennes pièces d’argent hors d’usage dont il détient un stock d’environ 20 millions de dollars, enfin il émettrait pour 100 ou 200 millions de dollars d’un nouveau fonds 2 pour 100 qui remplacerait peu à peu les fonds 4 1/2 et 4 0/0 que le Trésor ne cesse de racheter avec ses excédens de recettes, et permettrait ainsi aux Banques nationales de maintenir leur montant actuel de circulation fiduciaire et même de l’augmenter.