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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/324

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l’agriculture tant dans le midi que dans l’est, conséquence de la baisse générale des prix, était due à l’insuffisance des moyens de circulation. La population de l’Union, disait-on, s’accroît, chaque année, de plus d’un million et demi d’habitans ; des régions entières se peuplent et s’ouvrent au commerce ; le réseau des chemins de fer s’étend si rapidement que parfois en trois ans on construit autant de milles de chemins de fer qu’il en existe dans la France entière; la production et les échanges s’accroissent par conséquent d’une façon inouïe et, d’autre part, les agens de la circulation ne se multiplient pas en proportion des besoins; il en résulte une contraction monétaire qui écrase principalement les producteurs et les débiteurs. Sans doute pendant les onze dernières années, on a monnayé pour 343 millions de dollars d’argent; mais, comme, d’un autre côté, le total des billets des banques particulières est tombé de 356 millions de dollars, en 1878, à 128 millions de dollars, en 1890, la frappe de l’argent n’a fait que compenser cette énorme réduction, et la circulation ne s’est accrue que de la quantité d’or monnayée chaque année, ce qui est manifestement insuffisant. Avec un territoire qui embrasse tout un continent, de l’Atlantique au Pacifique, avec une population de 65 millions d’habitans, avec un réseau de voies ferrées plus étendu que celui de toute l’Europe, les États-Unis ont, comme monnaie étalon, moins d’or et moins d’argent que la France, qui n’a pas 39 millions d’habitans et qui est moins grande qu’un seul des états qui forment l’Union, c’est-à-dire que le Texas.

Le mouvement en faveur de l’argent entraîna, non-seulement tout l’ouest, mais le centre et le sud, surtout depuis qu’il reçut l’appui énergique de la puissante Alliance des fermiers. Les pétitions en faveur de la frappe libre affluèrent au congrès. Le secrétaire des finances, M. Windom, quoique au fond hostile, se vit obligé, dans son rapport annuel pour 1889, de recommander certaines mesures favorables au métal blanc. Mais elles furent jugées insuffisantes. En 1890, un grand nombre de bills autorisant la frappe libre furent introduits dans le sénat et dans la chambre des députés. Celui de M. Culverson, du Texas, était le plus simple et le plus efficace. Il ne contenait que cette phrase : « Toutes les lois ou parties de lois qui limitent le monnayage du dollar d’argent sont rappelées. « Il serait trop long de suivre le sort de ces différens projets dans la mêlée des débats et des amendemens au sein des deux chambres. Il nous suffit de constater les résultats.

Le sénat adopta, par 43 voix contre 24, un article qui rétablissait le système bimétallique, en des termes si précis qu’ils méritent d’être reproduits : « L’unité de valeur aux États-Unis sera le dollar, qui sera monnayé de 412 grains 1/2 d’argent standard, ou