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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/325

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de 25 grains 8 d’or standard, et les pièces ainsi frappées seront monnaie légale (legal tender) pour toutes dettes publiques ou privées. Tout propriétaire de lingots soit d’or, soit d’argent, pourra les déposer à l’hôtel des monnaies pour y être convertis en dollars standard, sans frais pour lui, etc. » Cet article fut repoussé dans la chambre des députés par 152 voix contre 135. Après une conférence des délégués des deux chambres, le silver-bill actuel fut voté, le 11 juillet dernier (1890), par 122 voix contre 90, tous les oui émanant des républicains, tous les non des démocrates. Comme ceux-ci n’ont émis un vote négatif que parce qu’ils voulaient la frappe libre, on peut dire que l’unanimité des membres du congrès voulait au moins les mesures actuelles en faveur de l’argent.

Ces mesures, en substance, sont celles-ci : le secrétaire du trésor est tenu d’acheter chaque mois 4 500, 000 onces d’argent, au prix du jour, jusqu’à la limite de 1 dollar par 371 grains 25 de métal pur, ce qui correspond à la valeur légale ou du rapport avec l’or de 1:16. Le paiement en sera fait en billets du trésor, remboursables à vue, en monnaie légale (coin), c’est-à-dire en or ou en argent, à l’option du secrétaire du trésor, « la politique monétaire des États-Unis étant de maintenir entre les deux métaux la parité sur la base du rapport légal ou de tout autre rapport qui peut être établi par les lois.» Deux millions d’onces seulement seront monnayés chaque mois jusqu’au 1er juillet 1891, et après cette date, autant d’onces seulement qu’il sera nécessaire pour le remboursement des billets du trésor prévus dans cet act. Telle est la loi qui apporte, depuis qu’elle a été votée, des perturbations si grandes et si soudaines dans le monde financier et commercial de l’univers entier.


II.

Le nouveau silver-bill a été jugé sévèrement en Europe : ce n’est rien moins, a-t-on dit, qu’une immense escroquerie commise aux dépens du peuple américain et en faveur des producteurs d’argent. Rien n’est moins justifié que cette appréciation. Ce qui le prouve manifestement, c’est que les seuls opposans que le bill ait rencontrés sont, comme nous l’avons vu, ceux qui voulaient davantage. Sans doute, il est contraire aux principes concernant la monnaie généralement admis aujourd’hui. Il paraît absurde d’obliger l’Etat d’acheter chaque mois une quantité fixe d’argent, surtout pour l’entasser sans le monnayer. Mais les Américains répondent à cela : cet argent acheté, — monnayé ou non, — circulera sous forme de certificats ou de billets du trésor, et il nous procurera