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les cultivateurs, et elle est due à la proscription de l’argent. »

Un autre député, M. Steel, montre l’influence exercée par cette proscription sur toutes les dettes hypothécaires. « Au moment où le propriétaire contractait la dette, il pouvait payer 1 dollar au moyen d’un demi-bushel de froment ou de 5 livres de coton. Aujourd’hui il doit donner 1 bushel 1/2 de froment ou 12 livres de coton. C’est donc la ruine de tout propriétaire et de tout fermier endetté. »

Au sénat, M. John Jones faisait remarquer que ce sont précisément les gens qui empruntent qui forment la partie active de la nation. « La dette, disait-il, est la caractéristique de la société moderne. C’est par la dette que s’est accompli le merveilleux développement de la civilisation au XIXe siècle. Qui emprunte dans notre pays? qui sont les débiteurs? Les hommes entreprenans et industrieux, ceux qui travaillent, qui créent des industries, qui, prévoyant l’avenir, se lancent dans des entreprises nouvelles. Partout ce sont les débiteurs qui représentent l’énergie « constructive. » Ce sont eux qui créent la richesse et assurent la prospérité des nations. C’est en empruntant qu’ils enrichissent la communauté. Ils forment cette ioule active, toujours en mouvement, toujours occupée à faire valoir notre fonds productif, et c’est à elle que les États-Unis doivent leur grandeur et leur puissance. En augmentant le poids de la dette, c’est donc la force dynamique de notre pays que vous écrasez. »

Le député Wickham, se plaçant au point de vue juridique, faisait ressortir combien il était injuste de donner pour base à tous les contrats une unité monétaire, l’or, dont la valeur allait croissant, en raison de sa rareté relative. La qualité essentielle de toute monnaie, disait-il, est de conserver une valeur stable : en empêchant, par la proscription de l’argent, l’instrument des échanges de s’accroître en raison des besoins de la circulation, on provoque une hausse continue de l’unité monétaire, et par conséquent on fausse la base de tous les contrats et on lèse gravement l’intérêt de tous les producteurs.

Il est encore une autre considération qui a exercé une influence décisive sur les résolutions du congrès. L’importation du blé de l’Inde en Europe est favorisée par une prime qui est d’autant plus considérable que le métal blanc est plus déprécié. En effet, supposons que le froment se cote à Bombay 8 roupies ou 16 shellings les 100 kilogrammes. Comme je le vendrai payable en or à Londres, si l’argent est déprécié de 25 pour 100, je pourrai me procurer ces 16 shellings ou 8 roupies moyennant 12 shellings or. Je pourrai donc vendre en Angleterre le blé indien à 12 shellings,