L’action fut engagée ainsi, et le duc de Bellune, dans sa précipitation, prit les plus mauvaises dispositions.
La 1re division (Ruffin), qui se dirigeait sur une ferme nommée la Casa-Blanca, après avoir décrit un demi-cercle pour éviter un marais, se rabattit ensuite sur les Anglais qui suivaient le bord de la mer. Cette division attaqua un mamelon sur lequel plusieurs bataillons ennemis et de l’artillerie avaient pris position. La 2e division marchait aussi directement vers ce mamelon.
Le duc de Bellune, apercevant devant nous un escadron de cavalerie anglaise et ne pouvant le faire reconnaître, le prit pour la tête d’une colonne de cavalerie. Il fit arrêter le 8e régiment et un bataillon du 54e et leur ordonna de se former en carrés par bataillons. Pendant que nous exécutions cette manœuvre, l’aile gauche des Anglais, précédée de quatre pièces d’artillerie légère, marcha sur nous et bientôt cette artillerie, se mettant en batterie à petite portée, tira à mitraille sur nos carrés. Le maréchal, voyant qu’il avait fait une école, disparut.
Le général Laplane, commandant la brigade, était ailleurs. Le régiment était criblé. Je dis à notre colonel, M. Autié, que la ligne d’infanterie anglaise marchant sur nous, nous ne pouvions rester en carrés sans courir risque d’être écharpés et même sans pouvoir nous défendre. Le colonel me répondit qu’il désirerait qu’un général lui donnât des ordres à ce sujet. On ne put en trouver un. Enfin, le colonel ordonna de rompre les carrés et de former les divisions en prenant les distances par la tête de la colonne. Il eût fallu les prendre au plus vite par la tête et la queue. A peine le premier bataillon était-il en mouvement que le colonel ordonna de se former « à droite en bataille. » Il était impossible à mon bataillon et à celui du 54e, en colonnes à demi-distances, d’exécuter ce mouvement qui allait, d’ailleurs, nous placer par inversions. Aussi il se produisit tout d’abord un peu de confusion.
J’avais à peine formé mon bataillon en bataille avec les plus grandes difficultés qu’une nuée de tirailleurs fut sur nous. Ils précédaient un corps portugais qui venait charger ma troupe. Je le laissai approcher et ordonnai le feu à dix pas ; ce régiment fut écrasé.
Je courus après un officier, à cheval, qui me paraissait se sauver avec peine. Je l’eus bientôt atteint. C’était le colonel du 20e régiment anglais, M. Busch. Il était blessé de deux coups de feu. Je le remis à un sergent de mon régiment, blessé lui-même et lui recommandai d’en avoir soin.
Une nouvelle ligne d’infanterie, anglaise cette fois, s’avançait sur le régiment au petit pas, s’arrêtant souvent pour rectifier son