Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/589

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’église d’Angleterre. Là encore, ils ont rencontré leurs éternels ennemis, les churchmen. Placés entre la nécessité d’envoyer leurs fils à l’école officielle, puisqu’il n’en existait pas d’autre, ou de renoncer à les faire instruire, les non-conformistes ont profité de l’education act de 1870 pour fonder des pensionnats partout où ils l’ont pu. Ils en dirigent aujourd’hui plus de six cents.

Mais que dirons-nous de la faute capitale qu’ont de tout temps commise les autorités ecclésiastiques du pays en négligeant d’en cultiver la langue et d’envoyer à la tête des vicariats et des cures des hommes qui fussent capables de la parler? L’église épiscopale s’est aperçue trop tard de l’erreur funeste où ses partialités et ses dédains l’avaient fait tomber. En 1879, au congrès de Swansea, les orateurs sacrés ne faisaient aucune difficulté de reconnaître qu’on s’était, à Canterbury, constamment mépris sur l’efficacité des moyens employés pour « angliciser» la principauté. Çà et là, quelques pasteurs plus perspicaces que leurs supérieurs avaient adopté la méthode contraire, s’étaient appliqués, avec plus de bonne volonté que de réussite, à étudier l’idiome gallois ; fiers d’une science récemment acquise, ils prononçaient en chaire des sermons où fourmillaient de si comiques barbarismes qu’ils obtenaient, d’un auditoire très égayé, un genre de succès qu’ils n’avaient assurément pas prévu. Peut-être était-ce mal récompenser leur zèle, mais quoi! l’église d’Angleterre avait trop longtemps affiché l’incommensurable mépris de tout ce qui n’était pas purement anglais. De ses cathédrales, elle avait fait des forteresses occupées par une garnison où on comptait pour rien ce qui était gallois, hormis pourtant les bénéfices et les dîmes. La toi est partie, le cœur du peuple est ailleurs, et il ne paraît plus possible de regagner son affection. En jetant au vent, comme une poussière, les vieilles coutumes des races domptées, les conquérans ont l’illusion qu’ils se sont à jamais défaits d’importuns témoins du passé. Un jour vient où les fils de ceux dont on a foulé aux pieds les aspirations et violenté les consciences reparaissent plus attachés que jamais à des traditions séculaires ; chose étrange, ces descendant d’opprimés relèvent la tête ; quelquefois ils ne parlent de rien moins que de secouer le joug des vainqueurs.

Mais ce ne sera pas une tâche facile que d’arriver au disestablishment de l’église épiscopale du pays de Galles; elle y est solidement installée. Elle y possède les quatre diocèses de Bangor, de Saint-Asaph, de Llandaff et de Saint-David, chacun d’eux pourvu d’un évêque, lui-même entouré d’un état-major de dignitaires; au-dessous, une armée disciplinée de mille clergymen environ jouissant d’un revenu de 227,000 livres sterling, 227 par tête ou 5,700 francs en moyenne, — sans parler de l’immeuble qui leur