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et aux commentaires. Du haut de la chaire sont tombées des phrases provocantes, destinées à jeter l’effroi dans les âmes timorées. Un dignitaire de l’Église a fait frémir son auditoire en lui révélant qu’autoriser la séparation équivaudrait à dépouiller Dieu ; puis, développant cette idée, passant de ces prémisses téméraires à une conclusion non moins hasardée, il s’écriait qu’il n’y aurait dorénavant ni grâce, ni rémission pour les auteurs d’un pareil larcin. Paroles graves et qui devaient être relevées. Le député du district où fulminait le fongueux évêque lui rappela qu’un pareil langage était coupable et qu’il existait des lois interdisant au clergé l’intimidation spirituelle.

Nous venons de parler de l’attitude d’un représentant de la principauté aux communes. Est-il besoin d’ajouter que ses collègues de l’opinion libérale partagent ses sentimens, et que sur 34 mandataires politiques que Galles envoie à la chambre, 28 sont prêts à voter la séparation? Le pays ne l’ignore pas et il se souvient encore de l’émotion que soulevèrent, en 1886, les débats sur la motion de M. Dillwyn. « Attendu, disait l’élu de Swansea, que l’église d’Angleterre a échoué dans ses tentatives, qu’elle n’a pas réussi à faire adopter par les Gallois son enseignement religieux, qu’elle n’a rallié autour d’elle qu’une infime minorité d’adhérens, nous déclarons que la présence de ministres du culte officiel au milieu de nos électeurs est une anomalie à laquelle il importe de mettre un terme. » La proposition ne fut rejetée qu’à douze voix de majorité. La députation presque tout entière de la principauté l’avait appuyée. Alors la discussion s’élargit; des personnages considérables exposèrent publiquement leur avis. En février 1887, M. Chamberlain écrivit dans le Baptist que nulle part les inconvéniens d’une religion d’État n’étaient plus sérieux et plus irritans qu’au pays de Galles, et que ses habitans avaient tous les droits possibles à être libérés d’un insupportable fardeau. Au mois de novembre de la même année, lord Derby établissait la compétence du parlement, affirmait que cette assemblée avait qualité pour résoudre le problème. A son tour, sir George Trevelyan, dans une communication au Daily News, disait que la Grande-Bretagne avait le devoir de réparer, le plus tôt possible, une des plus grosses injustices qu’elle eût jamais tolérées. Lord Spencer et M. John Morley, le premier dans une conférence à Aberystwith, le second par une lettre rendue publique, s’exprimaient d’une manière analogue. Sir