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William Harcourt prononçait à Carnarvon, en octobre 1889, une allocution au cours de laquelle il ne faisait, disait-il, que reproduire l’opinion de ses amis et de son parti, en répétant que le maintien de l’église dans la principauté n’était plus défendable. Enfin, de la bouche même de M. Gladstone s’échappaient, à plusieurs reprises, des déclarations catégoriques. En 1887 et en 1889, le grand old man proclamait que la question était mûre et que, si embarrassant qu’en pût être le règlement, il était urgent de l’entreprendre, courageux de s’y préparer. De si importans témoignages émanant d’hommes qui, à des titres divers, jouissent de la faveur publique, n’ont rien qui puisse surprendre. La suppression des privilèges que détient encore l’église anglicane dans les comtés de Galles est au nombre de ces vœux populaires qu’il n’est pas possible d’écarter indéfiniment. C’est toute une population de non-conformistes qui la demande. Jamais modification organique n’aura été sollicitée avec plus d’ardeur et de conviction.

D’ailleurs, il est des concessions qu’il faut savoir faire à temps, ne fût-ce que pour empêcher les complications et couper court aux difficultés imprévues. La question des dîmes est d’une solution relativement aisée, si on la compare à celle qu’à l’heure même où se clôturait la session de 1891, quelques membres de la chambre britannique soulevaient inopinément. Parmi les derniers projets de loi dus à l’initiative parlementaire, figurait une proposition déposée par M. Alfred Thomas et qui ne tend à rien moins qu’à revendiquer pour la principauté un gouvernement autonome. Ainsi, voilà qu’on s’efforçait de faire naître, au cœur des Gallois, des aspirations à une vie politique plus haute. Quelles étaient la substance et la forme de cette administration idéale rêvée par les représentans radicaux de Galles groupés autour du député du Glamorganshire? Simplement une sorte de home rule légèrement adouci. On ne réclame pas absolument le pouvoir législatif, mais on reprend, pour l’appliquer au pays, l’ancien projet de M. Chamberlain relatif à l’Irlande et qui comportait la création d’un conseil national ayant le contrôle de l’éducation, des travaux publics et des intérêts locaux du pays. M. Thomas voudrait que la principauté eût un secrétaire d’État à sa tête. Ce fonctionnaire serait investi des attributions que possède le local government board. Le lord chancelier renoncerait, en sa faveur, à la nomination des juges. En réalité, il assumerait la direction des affaires civiles de la région, recueillerait même les pouvoirs que le conseil privé y exerce en matière d’enseignement. Ici, la pensée de l’auteur apparaît avec une clarté parfaite : il parle de la fondation possible d’un département de l’instruction, distinct de celui de Londres et qui aurait la haute