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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/663

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Écossais, il était rentré dans son île, quand l’apparition du prétendant Charles-Edouard vint mettre l’Ecosse en feu et la dynastie hanovrienne en péril. Jacobite ardent, Neel Macdonald l’ut des premiers à joindre le prétendant et demeura le dernier de ses fidèles, lorsque la mauvaise fortune les eut contraints l’un et l’autre de repasser en France. Le jacobite proscrit l’ut, à la fin de 1747, pourvu d’une lieutenance dans le régiment écossais d’Albany, puis dans celui d’Ogilvy ; mais, à la paix de 1763, la plupart des régimens étrangers, au service de la France, ayant été licenciés, Neel Macdonald eut grand’peine à obtenir une maigre pension de trois cents livres. C’est à Sedan, où il s’était retiré d’abord, que naquit, le 17 novembre 1765, son fils, Jacques-Étienne-Joseph-Alexandre, le futur maréchal. De Sedan, la famille alla bientôt après s’établir à Sancerre.

Quand le jeune Macdonald fut en âge de faire des études sérieuses, on le fit partir pour Paris, à l’adresse d’un compatriote, le chevalier Pawlet, qui tenait une maison d’éducation mi-partie civile, mi-partie militaire, une sorte d’académie pour les jeunes gentilshommes. Le novice y entrait, selon les idées de la famille, comme devant être un jour d’église, avec le rêve caressé d’un canonicat à Cambrai ; mais l’instinct militaire prévalut « surtout, dit le maréchal, après la lecture d’Homère qui m’avait porté le feu à la tête; je me croyais un Achille. » Il eut d’abord un mécompte; un médiocre examen de mathématiques l’empêcha d’être admis, comme ingénieur, à l’école d’application de l’artillerie et du génie. Il se désespérait lorsqu’une chance fortuite vint lui ouvrir l’accès de l’armée, par une porte dérobée, il est vrai.

C’était en 1784; les Hollandais avaient, au sujet de la navigation de l’Escaut, maille à partir avec leur puissant voisin, l’empereur Joseph II, souverain du pays belge ; ils n’avaient qu’une faible armée, tout à fait insuffisante; il leur fallait des généraux, des officiers et des soldats. Un gentilhomme français, le comte de Maillebois, plus ou moins autorisé par le gouvernement, levait pour eux une légion composée de toutes armes; grâce à la recommandation de quelques gens bien placés, le jeune Macdonald y fut incorporé comme lieutenant d’infanterie. Peu s’en fallut que la tête ne lui tournât ; à l’institution Pawlet, il se croyait un Achille ; pour cette fois, il se complaisait modestement à l’idée de devenir un Turenne. Il partit pour la Hollande et s’employa pendant plusieurs mois avec ardeur à l’instruction de sa compagnie ; mais, cruel déboire, au moment d’entrer en campagne, la paix se fit, la paix avec ses suites, c’est-à-dire le licenciement de la légion. Les Hollandais, bons calculateurs et ménagers de leurs finances, avaient stipulé, pour ce cas d’ailleurs prévu, soit une pension viagère, mais réduite