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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/671

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Civita-Vecchia, Civita-Castellana, Ancone, furent approvisionnes. Les gros bagages, les impedimenta de toute sorte, prirent le chemin de Rome et de la Toscane, y compris les objets d’art que le gouvernement français avait fait enlever des palais royaux et des musées. Après un premier choix, et comme une dîme prélevée afin d’enrichir les collections du Louvre, le Directoire avait décidé que le surplus serait partagé entre les généraux et officiers supérieurs de l’armée de Naples, au prorata des grades ; la part attribuée au général en chef ne valait pas moins, à dire d’expert, de 800,000 francs ; à quoi il convient d’ajouter ce que Macdonald avait acquis de ses propres deniers ou reçu en présent à Naples, à Rome, à Florence. C’était la plus belle collection dont un particulier put se faire honneur.

Tout d’un coup il reçut, avec la nouvelle de la défaite de Scherer à Magnano et de la retraite de l’armée d’Italie, l’ordre prévu de se mettre en marche sans aucun retard, en laissant les forteresses occupées. Il venait d’obtenir un grand succès napolitain, le miracle de saint Janvier, mais les chefs de la république parthénopéenne n’en furent pas moins atterrés lorsqu’il leur notifia brusquement son départ et l’invitation de rester à leur poste. Les colonnes mobiles rappelées, l’armée se mit en mouvement ; derrière elle, autour d’elle, en avant même, les insurrections éclataient. A Rome, parmi les partisans de la république, la désolation et la terreur n’étaient pas moindres qu’à Naples. En dépit de tout, il fallait marcher, marcher vite, essayer de donner la main à l’armée d’Italie, refoulée en Piémont, et dont le général Moreau avait pris le commandement, à la place de Scherer.

Arrivé en Toscane, à Pistoïa, Macdonald se hâta de faire occuper les débouchés de l’Apennin dans la vallée du Pô et de se mettre en communication avec Moreau, qui, après avoir essayé de tenir sur la Bormida, s’était replié en Ligurie. Le général Dessole, son chef d’état-major, vint conférer avec Macdonald ; ils se mirent d’accord : tandis que l’armée de Naples, descendant de l’Apennin, tomberait sur le flanc gauche des Austro-Russes, l’armée d’Italie, débouchant de Gênes, les attaquerait de front, et la jonction des deux armées se ferait entre Parme et Plaisance ; mais, pour le succès de cette combinaison, la plus grande exactitude dans les opérations respectives était indispensable ; des dates précises furent indiquées. Deux divisions, séparées par les événemens du gros de l’armée d’Italie, la division Montrichard, à Bologne, la division Victor, à Pontremoli, furent mises provisoirement à la disposition de Macdonald. Affaiblie par les garnisons qu’elle avait dû laisser dans les forteresses et par les fatigues d’une marche forcée, l’armée de Naples, même avec cette adjonction, ne pouvait guère mettre en ligne plus de 25