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fidèlement tenu les nouveaux engagemens que je venais de contracter; c’est un exemple que je vous conseille et recommande d’imiter. » Toutefois il laissa passer quelques jours avant d’aller aux Tuileries saluer le comte d’Artois, lieutenant-général du royaume. « Mes amis, dit-il, m’en parlèrent, je n’y avais assurément aucune répugnance; mais je pensais qu’il était dans les convenances de ne pas montrer trop d’empressement, après avoir rempli une mission qui ne devait pas trop plaire au prince, et surtout après avoir manifesté autant de résistance et d’opposition, lorsque mon adhésion me fut demandée la première fois. »

A l’arrivée de Louis XVIII, il se rendit au-devant de lui, avec les autres maréchaux, à Compiègne ; le roi leur fit bon accueil, leur dit qu’ils étaient les plus fermes colonnes de l’État, et pour donner tout son sens à la métaphore, il mit une main sur l’épaule de Macdonald et l’autre sur celle de l’un de ses camarades. L’entrée à Paris eut lieu, le 4 mai, au milieu d’une grande affluence et de vives acclamations. Il n’y eut, ce jour-là, qu’une note fâcheusement discordante : on avait fait venir de Fontainebleau à marche forcée l’ex-garde impériale; mais on n’avait pris aucune disposition pour la loger, ni pour la faire vivre ; ce fut dans l’armée un premier germe de mécontentement.

Beaucoup de fautes et de sottises s’accumulèrent les unes par-dessus les autres; le duc d’Angoulême eut la singulière idée de se montrer pour la première fois aux Parisiens en habit de général anglais. Les grades, les décorations, les faveurs, les emplois de toute sorte étaient prodigués aux gentilshommes, aux émigrés, à l’exclusion presque absolue des officiers de l’ancienne armée et des fonctionnaires les plus méritans de l’administration impériale. « Le gouvernement dit avec une énergique trivialité Macdonald, paraissait comme un malade qui laisse tout aller sous lui. « Il s’indignait à titre de militaire, il ne s’indignait pas moins à titre de libéral, ou, suivant l’expression du jour, à titre de constitutionnel. Il y avait une constitution, la charte, et il la prenait au sérieux. Nommé membre et secrétaire de la chambre des pairs, il combattit la première loi politique qui y fut présentée; c’était une loi restrictive de la liberté de la presse; il avait cru y voir une violation de l’article 8 de la charte.

Quand, selon le règlement, le bureau de la chambre alla porter au roi la loi qui venait d’être votée à une voix de majorité seulement, Louis XVIII, s’adressant à Macdonald : « Monsieur le maréchal, dit-il d’un ton sec, je suis surpris que vous ayez parlé et voté contre; lorsque je me donne la peine de rédiger un projet de loi, j’ai mes raisons pour qu’il passe. — Sire, répondit l’apostrophé, Votre Majesté ne m’a pas mis dans la confidence de ses projets; ils