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ses ressources pour aider des entreprises amies, ou protégées par le gouvernement.

Au 31 décembre 1890 la Banque romaine avait 3,755,000 francs de crédits hypothécaires, et la Banque toscane de crédit, zéro. La première avait 7,254,000 francs de débiteurs divers, et la seconde rien du tout. La Banque romaine accuse 4,006,000 francs d’effets en souffrance, et la Banque toscane de crédit seulement 25,000[1]. Il faudrait voir aussi comment sont composés les portefeuilles, et les comptes courans actifs ; mais sur ces points, très importans, les renseignement officiels manquent.

La Banque toscane a eu des hauts et des bas. Elle aussi a immobilisé une trop grande partie de ses capitaux ; mais depuis quelque temps elle tient une conduite plus sage, et sa situation s’est fort améliorée.

Le Banco de Sicile et le Banco de Naples présentent cette particularité remarquable qu’ils n’ont pas d’actionnaires.

L’origine de ces banques se trouve dans sept instituts (banchi) dont le premier fut fondé à Naples en 1540 et le dernier en 1640. Leur objet principal, excepté pour le dernier[2], était la bienfaisance, en faisant des prêts, d’abord gratuits, et ensuite à intérêt. Sur ce service vinrent bientôt s’en greffer d’autres. Ces instituts recevaient des dépôts de monnaies et de métaux précieux en donnant en échange de certificats dont la propriété se transmettait par endossement comme celle des chèques modernes, et qui devinrent bientôt un des moyens les plus sûrs et des plus commodes pour effectuer les paiemens[3].

L’histoire des rapports de ces banchi avec les gouvernemens qui se succédèrent à Naples n’est qu’une longue suite de faits honteux d’appropriations, disons le mot : de vols, que commettaient les gouvernemens pour se procurer de l’argent. Les vice-rois espagnols n’avaient guère été scrupuleux, mais le gouvernement de Ferdinand IV fit bien pis. En 1796, il mit la main sans scrupules sur les dépôts des particuliers, et ensuite, s’enfuyant en Sicile, il emporta la caisse même de ces banchi!

Quand Ferdinand IV revint de Sicile, après la chute de Napoléon,

  1. Il ne faut pas oublier que le capital de la Banque romaine est de 15 millions et que celui de la Banque toscane de crédit n’est que de 5 millions. Malgré cela, la différence est énorme.
  2. La banque du Saint-Sauveur. Elle fut fondée en 1640 par les fermiers d’un impôt sur la farine.
  3. En 1788, les sept banchi avaient 21 millions de ducats de circulation et de comptes courans et une réserve métallique de 12 millions de ducats. La somme employée en prêts sans intérêts était de 679,000 ducats.