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il s’appliqua à reconstituer les banchi, et il les fondit en un institut unique, dont il se servit comme tous les gouvernemens se servent des banques d’État.

Le décret du 12 décembre 1816 institua le Banco des Deux-Siciles, avec deux caisses, l’une dite des particuliers, l’autre de la cour. Dans la première on recevait les dépôts des particuliers, et l’on s’en servait pour faire des prêts sur gages. On restitua à cette caisse, comme garantie des dépôts, ce qui restait des propriétés des anciens banchi. La caisse de la cour devait recevoir les impôts et exécuter les paiemens pour compte du gouvernement, mais on y recevait aussi les dépôts des particuliers. Elle eut ensuite comme annexe une caisse d’escompte. Les certificats (fedi di credito) qu’elle émettait pour le compte du trésor constituaient une vraie circulation de papier-monnaie, qui ne se distinguait pas de la circulation des certificats représentant les sommes effectivement versées par les particuliers. En réalité, la séparation qu’on avait voulu établir entre les deux caisses de la cour et des particuliers n’existait pas. Ces deux caisses n’en formaient qu’une, qui était au service du gouvernement.

Un décret du 7 avril 1843 fonda des caisses succursales à Palerme et à Messine, lesquelles, devenues autonomes par les décrets du 27 septembre 1849 et du 15 août 1850, furent l’origine du Banco de Sicile.

Quand le royaume d’Italie fut constitué, le Banco de Naples et celui de Sicile eurent leurs administrations réorganisées, et séparées de celle de l’État. Les membres du conseil d’administration du Banco de Naples sont élus par des chambres de commerce, des conseils provinciaux, communaux, etc.

L’État n’a malheureusement pas cessé d’exercer, au moins indirectement, son influence sur ces banques, et l’on ne saurait affirmer que son action ait toujours contribué à leur donner une bonne administration.

Si les archives du Banco de Naples avaient conservé trace de certaines opérations d’escompte, et qu’elles livrassent leur secret, ces révélations pourraient être bien autrement compromettantes pour le monde parlementaire que ne le furent pour la monarchie absolue les papiers de l’armoire de fer de Louis XVI. Mais même en dehors de cela, les faits qui sont publics suffisent amplement pour condamner l’intervention de l’État dans ces banques. La composition de leurs conseils d’administration, le manque d’actionnaires et du contrôle qu’ils pourraient exercer, tout concourt à augmenter le désordre. Le gouvernement a fait faire une enquête, mais il n’en publie pas les résultats, jugeant probablement qu’il serait imprudent de soulever certains voiles.