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Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 107.djvu/939

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partie d’une secte, ou d’amis personnels. La malice et la folie du petit nombre d’hommes qui ont entraîné l’Italie à sa ruine auraient été impuissantes sans le manque de courage des honnêtes gens, qui, fermant volontairement les yeux à la lumière, ont accepté sans réagir toutes les sottises qu’on leur a débitées, s’imaginant qu’il suffisait d’affirmer que le pays était prospère pour qu’il le lût réellement.

Les dépenses effectives de l’État qui, en 1885[1], étaient de 1,410 millions, et qui en 1887 n’arrivaient encore qu’à 1,461 millions, montent à 1,735 millions en 1889[2]. Ce sont surtout les dépenses pour la guerre et pour la marine qui ont causé cette augmentation. Le budget ordinaire de la marine en 1890 est à peu près le double de ce qu’il était en 1885 et plus du triple de ce qu’il était en 1875[3]. La manie des grandeurs et la protection accordé à l’établissement de Terni coûtent cher! Si l’on réunit ensemble les budgets ordinaires et extraordinaires de la marine et de la guerre on trouve 324 millions en 1885, 554 en 1889 et 432 en 1890[4], le double des dépenses de 1875.

Pour avoir le total des dépenses effectives de l’État (sans les parties d’ordre), il faut encore tenir compte des dépenses pour la construction des chemins de fer. On pourvoit à ces dépenses par des crédits spéciaux qu’alimentent les emprunts. En 1875, on n’a dépensé que 49 millions pour constructions des chemins de fer, en 1885: 73 millions, en J889 : 236 millions[5]. Le gouvernement actuel tâche de réduire dans une forte proportion ces dépenses, mais il n’est pas sûr qu’il y réussisse, car il se heurte à bien des difficultés.

Pour faire face à toutes ces dépenses, on a dû s’endetter; mais au lieu de le faire franchement, on a eu recours à toutes sortes de subterfuges. M. Magliani avait promis qu’après l’emprunt pour abolir le cours forcé l’Italie n’augmenterait plus sa dette. On a tenu parole à l’égard de la dette consolidée, et encore pas très exactement. L’État avait affecté une certaine somme en titres de cette dette pour le service des pensions. On a vendu ces titres et

  1. Depuis 1884, les budgets s’établissent du 1er juillet d’une année au 30 juin de l’autre. Pour ne pas répéter chaque fois ces dates, nous indiquons simplement le quantième de l’année où finit le budget. Ainsi les dépenses de 1885 sont celles qu’on a faites du 1er juillet 1884 au 30 juin 1885. Avant 1884, les budgets s’établissent suivant l’année solaire. Les dépenses effectives comprennent toutes les dépenses de l’État, excepté les parties d’ordres et les dépenses pour les chemins de fer.
  2. 1,573 millions en 1888, 1,637 en 1890.
  3. 32 millions en 1875, 53 en 1885, 69 en 1887, 84 en 1888, 88 en 1889, 102 en 1890.
  4. Seulement 216 millions en 1875; puis 353 en 1887, 424 en 1888.
  5. 170 millions en 1886, 190 en 1887, 298 en 1888.