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ainsi que la richesse de l’Italie est à peu près un quart de celle de la France; et il faudra en tenir compte toutes les fois qu’on voudra comparer les charges des deux pays.

Pour 1889, le total des recettes (moins les ressources exceptionnelles) du budget ordinaire de la France est de 3,103 millions. Si l’Italie était grevée, seulement proportionnellement à sa richesse, autant que la France, les recettes du budget italien devraient être un quart de celui de la France, soit 776 millions, elles sont en réalité de 1,500 millions! Toujours pour la même année : les douanes (y compris les sucres) donnent en France 495 millions; si les Italiens payaient, en proportion de leur richesse, autant que les Français pour ces impôts, ils devraient payer 124 millions; au lieu de cela, les douanes, y compris les sucres, etc., rendent à l’État 263 millions. Les dépenses pour la guerre et pour la marine des budgets ordinaires et extraordinaires sont pour la France de 928 millions; pour que leur proportion avec la richesse des deux pays fût la même, elles devraient donc être pour l’Italie de 232 millions; elles sont de 554 millions.

Les provinces et les communes suivent pour leurs budgets l’exemple qui leur vient de l’État, et ont des déficits permanens[1]. Le ministère Rudini désire maintenant porter remède à cet état de choses. On a nommé une commission pour étudier la question de ces budgets. Il faut espérer que cette bonne intention ne sera pas de celles dont l’enfer est pavé, mais cela est loin d’être sûr, car bien des intérêts s’y opposent. Les députés se font généralement élire grâce à l’influence de coteries locales, et ils les servent, à leur tour, auprès du pouvoir central.


IV.

Les chiffres que nous avons dû rappeler au lecteur sont un peu arides, mais il était bien difficile d’éviter cet inconvénient sans

  1. Les résultats de ces budgets de recettes et de dépenses effectives en 1889 sont, pour les provinces : recettes, 88 millions; dépenses, 94; déficit, 6; pour les communes : recettes, 398 millions; dépenses, 486; déficit, 88. (Bodio, loc. cit., p. 104.) Le déficit pour les bilans des communes n’était que de 33 millions en 1883. Il parait que la mégalomanie ne sévit pas seulement sur les hommes d’État.